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 Citations

Extraites des œuvres publiées par les Éditions Batoilles :

soon
Je comprends que le reproche d’avoir mis mes enfants aux Enfants-Trouvés a facilement dégénéré, avec un peu de tournure, en celui d’être un père dénaturé et de haïr les enfants. Cependant il est sûr que c’est la crainte d’une destinée pour eux mille fois pire et presque inévitable par toute autre voie, qui m’a le plus déterminé dans cette démarche. Plus indifférent sur ce qu’ils deviendraient et hors d’état de les élever moi-même, il aurait fallu dans ma situation les laisser élever par leur mère qui les aurait gâtés et par sa famille qui en aurait fait des monstres. Je frémis encore d’y penser.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Condamné à mort !
Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée, toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids !

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Trop grande tentation pour l'Allemagne de réincorporer à la patrie allemande les pays autrichiens. Trop grande tentation pour l'État de Vienne de rejoindre une communauté vaste et puissante.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Encore deux heures et quarante-cinq minutes, et je serai guéri.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
J’entrepris de soumettre mon intérieur à un examen sévère qui le réglât pour le reste de ma vie tel que je voulais le trouver à ma mort.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
La marche de l'Allemagne est tout indiquée. C'est par l'Est qu'elle commencera sa libération et sa revanche. Si nous n'intervenons pas délibérément le jour où elle essayera de reconstituer sa frontière orientale, si nous renouvelons la funeste abstention de Sadowa, alors, un an, dix ans ou vingt ans plus tard, le danger sera pour nous.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
— Mon fils, m'a-t-il dit, êtes-vous préparé ?
Je lui ai répondu d'une voix faible :
— Je ne suis pas préparé, mais je suis prêt.

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
La ligue est universelle, sans exception, sans retour, et je suis sûr d’achever mes jours dans cette affreuse proscription, sans jamais en pénétrer le mystère.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Je n’eus jamais beaucoup de pente à l’amour-propre ; mais cette passion factice s’était exaltée en moi dans le monde, et surtout quand je fus auteur ; j’en avais peut-être encore moins qu’un autre mais j’en avais prodigieusement.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Et je suis retombé sur ma chaise, sombre, désert, désespéré. À présent ils devraient venir ; je ne tiens plus à rien ; la dernière fibre de mon cœur est brisée. Je suis bon pour ce qu’ils vont faire.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Il y a deux manières de se rendre compte de l’existence de ce livre. Ou il y a eu, en effet, une liasse de papiers jaunes et inégaux sur lesquels on a trouvé, enregistrées une à une, les dernières pensées d’un misérable ; ou il s’est rencontré un homme, un rêveur occupé à observer la nature au profit de l’art, un philosophe, un poète, que sais-je ? dont cette idée a été la fantaisie, qui l’a prise ou plutôt s’est laissé prendre par elle, et n’a pu s’en débarrasser qu’en la jetant dans un livre.
De ces deux explications, le lecteur choisira celle qu’il voudra.

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Aussi n’a-t-on guère ici bas que du plaisir qui passe ; pour le bonheur qui dure je doute qu’il y soit connu.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Quel appareil affreux qu’un amphithéâtre anatomique : des cadavres puants, de baveuses et livides chairs, du sang, des intestins dégoûtants, des squelettes affreux, des vapeurs pestilentielles ! Ce n’est pas là, sur ma parole, que Jean-Jacques ira chercher ses amusements.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Je m’esquivais et j’allais me jeter seul dans un bateau que je conduisais au milieu du lac quand l’eau était calme, et là, m’étendant tout de mon long dans le bateau les yeux tournés vers le ciel, je me laissais aller et dériver lentement au gré de l’eau, quelquefois pendant plusieurs heures, plongé dans mille rêveries confuses mais délicieuses, et qui sans avoir aucun objet bien déterminé ni constant ne laissaient pas d’être à mon gré cent fois préférables à tout ce que j’avais trouvé de plus doux dans ce qu’on appelle les plaisirs de la vie.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Pedetemptim, c'est la devise des forts et des sages. Brin à brin, nous organiserons le faisceau.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
C'est minuit ; on vient d'éteindre le gaz ; le dernier domestique est parti et il faudra rester toute la nuit à souffrir sans remède.
Marcel Proust : Du côté de chez Swann (1913)

soon
Avec une régularité frappante, depuis le milieu du siècle dernier, chaque fois qu'un aspect de l'ancienne Europe a changé (et c'était toujours parce que nous l'avions voulu ou permis), la France a été la première à pâtir.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Et elle se mit à courir devant moi avec sa taille fine comme le corset d’une abeille et ses petits pieds qui relevaient sa robe jusqu’à mi-jambe. Je la poursuivis, elle fuyait ; le vent de sa course soulevait par moments sa pèlerine noire, et me laissait voir son dos brun et frais.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
L'Autriche, qui n'était pas une nation mais un État, qu'on pouvait rogner, modeler, déplacer selon les besoins de l'heure, cette commode Autriche n'est plus. À sa place, des nations ont surgi. Et quand on taille dans la chair d'une nation, elle crie, elle résiste.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
La Pologne a été restaurée au hasard. C’est un enfant mineur chargé de se conduire seul dans la vie. On n’a pas songé un instant qu’à une Pologne morte autrefois de la mauvaise qualité de ses institutions, il n’était pas donné des institutions meilleures. Une République de Pologne succède à la République de Pologne. À aucun point de vue, il n’était raisonnable de semer la démocratie parmi les peuples libérés de l’Europe centrale et orientale. Les résultats peuvent être rapidement funestes.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Je n’eus jamais ni présence d’esprit ni facilité de parler ; mais depuis mes malheurs ma langue et ma tête se sont de plus en plus embarrassés.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Si les nouvelles nations vivent toutes, nous avons chance de voir, entre amis et ennemis d’hier, les alliances les plus bizarres et aussi les plus instables. On sait que le nombre des combinaisons d’un jeu de trente-deux cartes est presque infini, et l’Europe compte désormais trente-deux États entre lesquels les combinaisons pourront également varier à l’infini au gré des événements, des passions et des intérêts.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Au moment où le tumulte cessa dans la foule, il cessa aussi dans mes idées.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Tiré je ne sais comment de l’ordre des choses, je me suis vu précipité dans un chaos incompréhensible où je n’aperçois rien du tout ; et plus je pense à ma situation présente et moins je puis comprendre où je suis.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Pour que les petits États suscités ou ressuscités à l'Est de l'Allemagne pussent grandir, s'organiser, se développer, passer par les maladies et les crises de la croissance dans une sécurité relative, il ne fallait pas qu'une énorme Allemagne pesât sur eux. La politique des nationalités, encore plus que la politique d'équilibre, exigeait la dissociation de l'Allemagne. De petits États ne sont pas en sécurité auprès d'un seul resté grand.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Le goût de la solitude et de la contemplation naquit dans mon cœur avec les sentiments expansifs et tendres faits pour être son aliment. Le tumulte et le bruit les resserrent et les étouffent, le calme et la paix les raniment et les exaltent. J’ai besoin de me recueillir pour aimer.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
L’habitude de rentrer en moi-même me fit perdre enfin le sentiment et presque le souvenir de mes maux, j’appris ainsi par ma propre expérience que la source du vrai bonheur est en nous, et qu’il ne dépend pas des hommes de rendre vraiment misérable celui qui sait vouloir être heureux.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Depuis que de vieux gouvernements monarchiques sont tombés pour laisser place au désordre, au chaos, à une sombre négation, depuis ce retour en arrière, sans précédent par la violence et par la rapidité, la position intellectuelle, morale et politique du peuple français a changé du tout au tout.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Je me sens le cœur plein de rage et d'amertume. Je crois que la poche au fiel a crevé. La mort rend méchant.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Je n’ai ni le goût ni les moyens de les tenir en captivité, ni l’agilité nécessaire pour les suivre dans leurs allures quand ils sont en liberté. Il faudra donc les étudier morts, les déchirer, les désosser, fouiller à loisir dans leurs entrailles palpitantes !
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Ou bien, misérable que je suis, ce sera peut-être un gouffre hideux, profond, dont les parois seront tapissées de ténèbres, et où je tomberai sans cesse en voyant des formes remuer dans l’ombre.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Rien n'est fini peut-être, et la fragilité de la paix laisse entrevoir plus d'une possibilité de bouleversements dans l'Europe centrale. Ces bouleversements ne nous seront pas nécessairement favorables et ils nous exposeront à de nouveaux dangers, ils exigeront de nous de nouveaux efforts. Un rendez-vous à une autre fois est probablement donné à l'Allemagne et à la France.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Le trouble de mon cœur disparaît avec l’objet qui l’a causé et je rentre dans le calme aussitôt que je suis seul.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Mon corps n’est plus pour moi qu’un embarras, qu’un obstacle, et je m’en dégage d’avance autant que je puis.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
D'ordinaire, en politique, les effets sont aperçus quand ils commencent à se produire, c'est-à-dire quand il est trop tard. Le principe de causalité, qui tourmente à peine les hommes, est encore plus indifférent aux peuples. Il est naturel que des démocraties aient conclu une grande paix sans se soucier des répercussions.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Quant à une agression indirecte, celle dont serait victime un pays ami et solidaire du nôtre (pensons toujours à la Pologne, si découverte, si exposée), quant à une annexion, même sans violence (comme celle de l'Autriche), qui accroîtrait dangereusement le territoire et les forces de l'Allemagne : tous ces cas-là, dont nous aurions pourtant à supporter les répercussions si nous demeurions inertes, rentreraient dans la catégorie de ceux où, par notre intervention, nous serions considérés comme les provocateurs.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Et puis, on ne souffre pas, en sont-ils sûrs ? Qui le leur a dit ? Conte-t-on que jamais une tête coupée se soit dressée sanglante au bord du panier et qu’elle ait crié au peuple : Cela ne fait pas de mal !
Y a-t-il des morts de leur façon qui soient venus les remercier et leur dire : C’est bien inventé. Tenez-vous-en là. La mécanique est bonne.

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
J'appuyais tendrement mes joues contre les belles joues de l'oreiller qui, pleines et fraîches, sont comme les joues de notre enfance.
Marcel Proust : Du côté de chez Swann (1913)

soon
Tout ça pour ça.
Bienvenue dans le XXIe siècle.

Marc Malgène : Éric Zemmour : Défaite française (2023)

soon
Les jours où je ne vois personne, je ne pense plus à ma destinée ; je ne la sens plus, je ne souffre plus, je suis heureux et content sans diversion, sans obstacle.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Dans l’extrême misère on se trouve riche de peu ; un gueux qui trouve un écu en est plus affecté que ne le serait un riche en trouvant une bourse d’or.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
À Combray, tous les jours dès la fin de l'après-midi, longtemps avant le moment où il faudrait me mettre au lit et rester, sans dormir, loin de ma mère et de ma grand'mère, ma chambre à coucher redevenait le point fixe et douloureusement de mes préoccupations. On avait bien inventé, pour me distraire les soirs où on me trouvait l'air trop malheureux, de me donner une lanterne magique, dont, en attendant l'heure du dîner, on coiffait ma lampe ; et, à l'instar des premiers architectes et maîtres verriers de l'âge gothique, elle substituait à l'opacité des murs d'impalpables irisations, de surnaturelles apparitions multicolores, où des légendes étaient dépeintes comme dans un vitrail vacillant et momentané.
Marcel Proust : Du côté de chez Swann (1913)

soon
Je viens de m’éveiller en sursaut, poursuivi par elle et me disant : — Ah ! ce n’est qu’un rêve ! — Hé bien ! avant même que mes yeux lourds aient eu le temps de s’entr’ouvrir assez pour voir cette fatale pensée écrite dans l’horrible réalité qui m’entoure, sur la dalle mouillée et suante de ma cellule, dans les rayons pâles de ma lampe de nuit, dans la trame grossière de la toile de mes vêtements, sur la sombre figure du soldat de garde dont la giberne reluit à travers la grille du cachot, il me semble que déjà une voix a murmuré à mon oreille : — Condamné à mort !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
La triste vérité que le temps et la raison m’ont dévoilée en me faisant sentir mon malheur, m’a fait voir qu’il était sans remède et qu’il ne me restait qu’à m’y résigner. Ainsi toutes les expériences de mon âge sont pour moi dans mon état sans utilité présente, et sans profit pour l’avenir.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Ah ! malheureux rêveur, brise donc d'abord le mur épais de trois pieds qui t'emprisonne !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
L’histoire est d’une fatigante monotonie.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Je loge au milieu de Paris. En sortant de chez moi je soupire après la campagne et la solitude, mais il faut l’aller chercher si loin qu’avant de pouvoir respirer à mon aise je trouve en mon chemin mille objets qui me serrent le cœur, et la moitié de la journée se passe en angoisses avant que j’aie atteint l’asile que je vais chercher.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Les arbres, les arbrisseaux, les plantes sont la parure et le vêtement de la terre.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Homme de la guerre, M. Clemenceau n'était pas préparé à la paix.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Dominé par mes sens quoi que je puisse faire, je n’ai jamais su résister à leurs impressions, et tant que l’objet agit sur eux mon cœur ne cesse d’en être affecté ; mais ces affections passagères ne durent qu’autant que la sensation qui les cause. La présence de l’homme haineux m’affecte violemment, mais sitôt qu’il disparaît l’impression cesse ; à l’instant que je ne le vois plus je n’y pense plus.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Pendant plus d'une génération, les Allemands devront payer tribut aux Alliés. Ils devront payer le tribut principal aux Français qui sont un tiers de moins qu'eux : quarante millions de Français ont pour débiteurs soixante millions d'Allemands dont la dette ne peut être éteinte avant trente années, un demi-siècle peut-être.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Puisque le jour ne paraît pas encore, que faire de la nuit ?
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Dans le tumulte qui m’enveloppait, je ne distinguais plus les cris de pitié des cris de joie, les rires des plaintes, les voix du bruit ; tout cela était une rumeur qui résonnait dans ma tête comme dans un écho de cuivre.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
« L'abrégé de tous les préceptes consiste au bon sens », disait Louis XIV qui en avait beaucoup.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
— Ma grâce ! ma grâce ! ai-je répété, ou, par pitié, cinq minutes encore !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
En ce moment la porte extérieure s’est ouverte à deux battants. Une clameur furieuse et l’air froid et la lumière blanche ont fait irruption jusqu’à moi dans l’ombre. Du fond du sombre guichet, j’ai vu brusquement tout à la fois, à travers la pluie, les mille têtes hurlantes du peuple entassées pêle-mêle sur la rampe du grand escalier du Palais.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Les hommes auraient beau revenir à moi, ils ne me retrouveraient plus. Avec le dédain qu’ils m’ont inspiré leur commerce me serait insipide et même à charge, et je suis cent fois plus heureux dans ma solitude que je ne pourrais l’être en vivant avec eux. Ils ont arraché de mon cœur toutes les douceurs de la société. Elles n’y pourraient plus germer derechef à mon âge ; il est trop tard. Qu’ils me fassent désormais du bien ou du mal tout m’est indifférent de leur part, et quoi qu’ils fassent, mes contemporains ne seront jamais rien pour moi.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Un air chaud, mêlé de bruit, vint me frapper au visage ; c’était le souffle de la foule dans la salle des assises. J’entrai.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Je me voyais au déclin d’une vie innocente et infortunée, l’âme encore pleine de sentiments vivaces et l’esprit encore orné de quelques fleurs, mais déjà flétries par la tristesse et desséchées par les ennuis.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
J’ai remarqué dans les vicissitudes d’une longue vie que les époques des plus douces jouissances et des plaisirs les plus vifs ne sont pourtant pas celles dont le souvenir m’attire et me touche le plus. Ces courts moments de délire et de passion, quelque vifs qu’ils puissent être ne sont cependant, et par leur vivacité même, que des points bien clairsemés dans la ligne de la vie. Ils sont trop rares et trop rapides pour constituer un état, et le bonheur que mon cœur regrette n’est point composé d’instants fugitifs mais un état simple et permanent, qui n’a rien de vif en lui-même, mais dont la durée accroît le charme au point d’y trouver enfin la suprême félicité.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Et sous un ciel intense, dont l'azur d'une lumière nouvelle étreint la ville, les rescapés de l'instant lèvent les yeux sur la beauté de l'effroi. Les tours jumelles du World Trade Center ont disparu.
Marc Malgène : Éric Zemmour : Défaite française (2023)

soon
Tous nos projets de félicité pour cette vie sont des chimères.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
La nuit s’avançait. J’aperçus le ciel, quelques étoiles, et un peu de verdure. Cette première sensation fut un moment délicieux. Je ne me sentais encore que par-là. Je naissais dans cet instant à la vie, et il me semblait que je remplissais de ma légère existence tous les objets que j’apercevais. Tout entier au moment présent je ne me souvenais de rien ; je n’avais nulle notion distincte de mon individu, pas la moindre idée de ce qui venait de m’arriver ; je ne savais ni qui j’étais ni où j’étais ; je ne sentais ni mal, ni crainte, ni inquiétude. Je voyais couler mon sang comme j’aurais vu couler un ruisseau, sans songer seulement que ce sang m’appartînt en aucune sorte. Je sentais dans tout mon être un calme ravissant, auquel chaque fois que je me le rappelle, je ne trouve rien de comparable dans toute l’activité des plaisirs connus.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Tandis que, tranquille dans mon innocence, je n’imaginais qu’estime et bienveillance pour moi parmi les hommes ; tandis que mon cœur ouvert et confiant s’épanchait avec des amis et des frères, les traîtres m’enlaçaient en silence de rets forgés au fond des enfers.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
En fait de prévision et d'action politique, il faut s'en tenir au précepte qu'a laissé un homme du dix-huitième siècle qui passait à tort pour léger : « Tout calculer et ne pas tout craindre ». Il faut se redire aussi avec Frédéric II qu'« il y a une sorte de fatalité, ou, à défaut de fatalité, des causes secondes qui tournent souvent les événements d'une manière que l'on ne peut ni concevoir ni prévoir ». À quoi Frédéric ajoutait : « Lorsqu'il se présente des circonstances favorables, il se fait une sorte d'éclaircie subite dont profitent les habiles. » C'est de ces circonstances favorables qu'il importe de se mettre à même de profiter.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Tableau hideux, bien encadré dans une porte de prison.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Ah ! si j’avais suffi à son cœur comme elle suffisait au mien ! Quels paisibles et délicieux jours nous eussions coulés ensemble ! Nous en avons passé de tels mais qu’ils ont été courts et rapides, et quel destin les a suivis !
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Cette Allemagne à qui il est défendu, justement défendu, pour des raisons d'intérêt européen, de compléter son unité par l'Anschluss, elle garde d'autre part cette unité, inachevée à ses yeux. Elle reste un centre d'attraction puissant pour la petite République de Vienne. L'accessoire est séparé du principal. Et l'accessoire est sans défense, réduit à une vie misérable et précaire.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Si on lit un jour mon histoire, après tant d’années d’innocence et de bonheur, on ne voudra pas croire à cette année exécrable, qui s’ouvre par un crime et se clôt par un supplice ; elle aura l’air dépareillée.
Et pourtant, misérables lois et misérables hommes, je n’étais pas un méchant !

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Le plus grand soin de ceux qui règlent ma destinée ayant été que tout ne fût pour moi que fausse et trompeuse apparence, un motif de vertu n’est jamais qu’un leurre qu’on me présente pour m’attirer dans le piège où l’on veut m’enlacer. Je sais cela ; je sais que le seul bien qui soit désormais en ma puissance est de m’abstenir d’agir de peur de mal faire sans le vouloir et sans le savoir.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Pour moi j’ai beau savoir que je souffrirai demain, il me suffit de ne pas souffrir aujourd’hui pour être tranquille.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Je deviens vieux en apprenant toujours.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Un profond sentiment de pitié me remuait jusqu'aux entrailles, et leurs rires me faisaient pleurer.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
La Suisse entière n’est pour ainsi dire qu’une grande ville, dont les rues larges et longues plus que celle de Saint-Antoine, sont semées de forêts, coupées de montagnes, et dont les maisons éparses et isolées ne communiquent entre elles que par des jardins anglais.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Ainsi, après ma mort, trois femmes sans fils, sans mari, sans père ; trois orphelines de différente espèce ; trois veuves du fait de la loi.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Jusqu'alors le temps avait été assez beau, et, si la bise d'octobre refroidissait l'air, de temps en temps aussi elle ouvrait ça et là dans les brumes grises du ciel une crevasse par où tombait un rayon de soleil.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes yeux se fermaient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Je m’endors. »
Marcel Proust : Du côté de chez Swann (1913)

soon
Regardez encore cette carte si parlante. Accroupie au milieu de l'Europe comme un animal méchant, l'Allemagne n'a qu'une griffe à étendre pour réunir de nouveau l'îlot de Kœnigsberg. Dans ce signe, les prochains malheurs de la Pologne et de l'Europe sont inscrits.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Des dispositions bien différentes ont fait pour moi de cette étude une espèce de passion qui remplit le vide de toutes celles que je n’ai plus. Je gravis les rochers, les montagnes, je m’enfonce dans les vallons, dans les bois, pour me dérober autant qu’il est possible au souvenir des hommes et aux atteintes des méchants. Il me semble que sous les ombrages d’une forêt je suis oublié, libre et paisible comme si je n’avais plus d’ennemis ou que le feuillage des bois dût me garantir de leurs atteintes, comme il les éloigne de mon souvenir, et je m’imagine dans ma bêtise qu’en ne pensant point à eux ils ne penseront point à moi.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Ma destinée semble avoir tendu dès mon enfance le premier piège qui m’a rendu longtemps si facile à tomber dans tous les autres.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Sentant enfin tous mes efforts inutiles et me tourmentant à pure perte j’ai pris le seul parti qui me restait à prendre, celui de me soumettre à ma destinée sans plus regimber contre la nécessité.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Un innocent persécuté prend longtemps pour un pur amour de la justice l’orgueil de son petit individu.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Puis Dieu dit : « Que la terre fasse pousser du gazon, des herbes portant semence, des arbres à fruit produisant, selon leur espèce, du fruit ayant en soi sa semence, sur la terre. » Et cela fut ainsi. Et la terre fit sortir du gazon, des herbes portant semence selon leur espèce, et des arbres produisant, selon leur espèce, du fruit ayant en soi sa semence. Et Dieu vit que cela était bon.
: La Genèse (0001)

soon
— Tu ne dis rien, me dit ma mère, tu as l’air triste.
J’avais le paradis dans le cœur.

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Une Allemagne diminuée d'environ 100 000 kilomètres carrés, mais, sur ce territoire réduit, réunissant encore soixante millions d'habitants, un tiers de plus que la France, subsistait au centre de l'Europe.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Le seul résultat constant de tant d’énigmes fut la confirmation de toutes mes conclusions précédentes, savoir que la destinée de ma personne et celle de ma réputation ayant été fixées de concert par toute la génération présente, nul effort de ma part ne pouvait m’y soustraire puisqu’il m’est de toute impossibilité de transmettre aucun dépôt à d’autres âges sans le faire passer dans celui-ci par des mains intéressées à le supprimer.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Il est 9 h 59, 11 septembre 2001 et le géant de verre et d'acier s'effondre sur lui-même. En quelques secondes, la tour sur du World Trade Center n'est plus qu'un amas de poussière gargantuesque qui s'abat à travers les rues de Manhattan, dans un nuage de mort.
Marc Malgène : Éric Zemmour : Défaite française (2023)

soon
Le lendemain dès l'aube on entend dans la place de Grève clouer une charpente, et dans les carrefours hurler à pleine voix des crieurs enroués.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
De toutes les habitations où j’ai demeuré (et j’en ai eu de charmantes), aucune ne m’a rendu si véritablement heureux et ne m’a laissé de si tendres regrets que l’île de Saint-Pierre au milieu du lac de Bienne.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Nous n’avons guère de mouvement machinal dont nous ne pussions trouver la cause dans notre cœur, si nous savions bien l’y chercher.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Une paix trop douce pour ce qu'elle a de dur : dès qu'elle avait été connue, nous en avions donné cette définition.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Oh ! est-il bien vrai que je vais mourir avant la fin du jour ? Est-il bien vrai que c’est moi ? Ce bruit sourd de cris que j’entends au dehors, ce flot de peuple joyeux qui déjà se hâte sur les quais, ces gendarmes qui s’apprêtent dans leurs casernes, ce prêtre en robe noire, cet autre homme aux mains rouges, c’est pour moi ! c’est moi qui vais mourir ! moi, le même qui est ici, qui vit, qui se meut, qui respire, qui est assis à cette table, laquelle ressemble à une autre table, et pourrait aussi bien être ailleurs ; moi, enfin, ce moi que je touche et que je sens, et dont le vêtement fait les plis que voilà !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Si tout autour de moi, est monotone et décoloré, n'y a-t-il pas en moi une tempête, une lutte, une tragédie ?
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon

: (1970)

soon
C’est ainsi que la droiture et la franchise en toute chose sont des crimes affreux dans le monde, et je paraîtrais à mes contemporains méchant et féroce, quand je n’aurais à leurs yeux d’autre crime que de n’être pas faux et perfide comme eux.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Les orages prochains se chargeront de démontrer que rien ne sera fait tant que l'Allemagne conservera cette puissance politique qui engendre toute autre puissance et qui lui rendra tôt ou tard sa puissance militaire en dépit des interdictions.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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QUATRE HEURES.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Mais si l'Allemagne continue à se consolider, ce sera encore par le gouvernement de Berlin et elle se retrouvera peu à peu dans un état sensiblement pareil à celui où elle était en 1914.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Plus un contemplateur a l’âme sensible plus il se livre aux extases qu’excite en lui cet accord. Une rêverie douce et profonde s’empare alors de ses sens, et il se perd avec une délicieuse ivresse dans l’immensité de ce beau système avec lequel il se sent identifié. Alors tous les objets particuliers lui échappent ; il ne voit et ne sent rien que dans le tout. Il faut que quelque circonstance particulière resserre ses idées et circonscrive son imagination pour qu’il puisse observer par parties cet univers qu’il s’efforçait d’embrasser.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Si j’étais resté libre, obscur, isolé, comme j’étais fait pour l’être, je n’aurais fait que du bien : car je n’ai dans le cœur le germe d’aucune passion nuisible. Si j’eusse été invisible et tout-puissant comme Dieu, j’aurais été bienfaisant et bon comme lui. C’est la force et la liberté qui font les excellents hommes.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Jeté dès mon enfance dans le tourbillon du monde, j’appris de bonne heure par l’expérience que je n’étais pas fait pour y vivre, et que je n’y parviendrais jamais à l’état dont mon cœur sentait le besoin.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
La voiture s’est ébranlée. Elle a fait un bruit sourd en passant sous la voûte de la grande porte, puis a débouché dans l’avenue, et les lourds battants de Bicêtre se sont refermés derrière elle. Je me sentais emporté avec stupeur, comme un homme tombé en léthargie qui ne peut ni remuer ni crier et qui entend qu’on l’enterre.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
« L'Allemagne n'accepte pas sa défaite. »
— André Lefèvre

Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
J’ai vu de ces gens qu’on appelle vrais dans le monde. Toute leur véracité s’épuise dans les conversations oiseuses à citer fidèlement les lieux, les temps, les personnes, à ne se permettre aucune fiction, à ne broder aucune circonstance, à ne rien exagérer. En tout ce qui ne touche point à leur intérêt ils sont dans leurs narrations de la plus inviolable fidélité. Mais s’agit-il de traiter quelque affaire qui les regarde, de narrer quelque fait qui leur touche de près ; toutes les couleurs sont employées pour présenter les choses sous le jour qui leur est le plus avantageux, et si le mensonge leur est utile et qu’ils s’abstiennent de le dire eux-mêmes, ils le favorisent avec adresse et font en sorte qu’on l’adopte sans le leur pouvoir imputer. Ainsi le veut la prudence : adieu la véracité.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Ah ! misérable ! que vais-je devenir ? qu’est-ce qu’ils vont faire de moi ?
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Ah ! les misérables ! il me semble qu’on monte l’escalier…
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Voilà que deux ou trois portes basses vomirent presque en même temps, et comme par bouffées, dans la cour, des nuées d'hommes hideux, hurlants et déguenillés. C'étaient les forçats.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Une révolution venait de se faire en moi.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Et mes yeux revenaient se fixer sur la jolie fleur jaune au soleil.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Ma femme ne m'inquiète pas non plus ; elle est déjà d'une mauvaise santé et d'un esprit faible, elle mourra aussi.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
L'Empire britannique a des embarras réels qui sont la rançon de ses accroissements immodérés. Il souffre aussi pour sa part, et peut-être sans s'en rendre compte, d'avoir respecté ce qu'il eût fallu détruire et détruit ce qu'il eût mieux valu conserver.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament entre les eaux, et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux. » Et Dieu fit le firmament, et il sépara les eaux qui sont au-dessous du firmament d’avec les eaux qui sont au-dessus du firmament. Et cela fut ainsi. Dieu appela le firmament Ciel.
Et il y eut un soir et il y eut un matin ; ce fut le second jour.

: La Genèse (0001)

soon
Il est peu de figures qui prêtent davantage à la légende et au roman que celle du malheureux roi de Bavière. À ne prendre que la France, il serait difficile de compter ce que lui doit la littérature. Il y a eu sur lui, à propos de lui ou autour de lui, des romans lyriques et des romans ironiques. Il y a eu le Roi Vierge, il y a eu le Roi Fou, et Jules Lemaître a pensé à la tragédie de Starnberg en écrivant ses Rois.
Jacques Bainville : Louis II de Bavière (1900)

soon
Me voici donc seul sur la terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de société que moi-même.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Pas malade ! en effet, je suis jeune, sain et fort. Le sang coule librement dans mes veines ; tous mes membres obéissent à tous mes caprices ; je suis robuste de corps et d'esprit, constitué pour une longue vie ; oui, tout cela est vrai ; et cependant j'ai une maladie, une maladie mortelle, une maladie faite de la main des hommes.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Si j’eusse été possesseur de l’anneau de Gygès, il m’eût tiré de la dépendance des hommes et les eût mis dans la mienne.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Je savais que l’éducation pour eux la moins périlleuse était celle des Enfants-Trouvés et je les y mis. Je le ferais encore avec bien moins de doute aussi si la chose était à faire, et je sais bien que nul père n’est plus tendre que je l’aurais été pour eux, pour peu que l’habitude eût aidé la nature.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Ainsi retenu dans l’étroite sphère de mes anciennes connaissances je n’ai pas, comme Solon, le bonheur de pouvoir m’instruire chaque jour en vieillissant, et je dois même me garantir du dangereux orgueil de vouloir apprendre ce que je suis désormais hors d’état de bien savoir.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
— Il fait beau, dis-je au guichetier.
Il resta un moment sans me répondre, comme ne sachant si cela valait la peine de dépenser une parole ; puis avec quelque effort il murmura brusquement :
— C’est possible.

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Incertain dans mes inquiets désirs, j’espérai peu, j’obtins moins, et je sentis dans des lueurs même de prospérité que quand j’aurais obtenu tout ce que je croyais chercher je n’y aurais point trouvé ce bonheur dont mon cœur était avide sans en savoir démêler l’objet.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Tout ce qui m’est extérieur m’est étranger désormais. Je n’ai plus en ce monde ni prochain, ni semblables, ni frères. Je suis sur la terre comme dans une planète étrangère, où je serais tombé de celle que j’habitais.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
En prenant la doctrine de mes persécuteurs, prendrais-je aussi leur morale ?
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Dire une chose fausse à son avantage n’est pas moins mentir que si on la disait au préjudice d’autrui, quoique le mensonge soit moins criminel.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Les geôliers, les guichetiers, les porte-clefs, – je ne leur en veux pas – causent et rient, et parlent de moi, devant moi, comme d'une chose.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Et pains d’épice de voler à droite et à gauche, et filles et garçons de courir, s’entasser et s’estropier ; cela paraissait charmant à tout le monde.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Le peuple français est retenu pour longtemps en Europe et dans le bassin de la Méditerranée. Notre attention doit se fixer d'abord sur ce qui se passe à nos portes. D'ailleurs, plus on s'éloigne de nos frontières, plus les affaires s'obscurcissent, plus on est réduit aux vagues suppositions.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Quand j’ai rêvé une minute à ce qu’il y a de passé dans ma vie, et que j’en reviens au coup de hache qui doit la terminer tout à l’heure, je frissonne comme d’une chose nouvelle. Ma belle enfance ! ma belle jeunesse ! étoffe dorée dont l’extrémité est sanglante. Entre alors et à présent il y a une rivière de sang ; le sang de l’autre et le mien.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
On entendit s'affaiblir par degrés dans l'air le bruit lourd des roues et des pieds des chevaux sur la route pavée de Fontainebleau, le claquement des fouets, le cliquetis des chaînes, et les hurlements du peuple qui souhaitait malheur au voyage des galériens.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Le règne minéral n’a rien en soi d’aimable et d’attrayant ; ses richesses enfermées dans le sein de la terre semblent avoir été éloignées des regards des hommes pour ne pas tenter leur cupidité. Elles sont là comme en réserve pour servir un jour de supplément aux véritables richesses qui sont plus à sa portée et dont il perd le goût à mesure qu’il se corrompt. Alors il faut qu’il appelle l’industrie, la peine et le travail au secours de ses misères ; il fouille les entrailles de la terre, il va chercher dans son centre aux risques de sa vie et aux dépens de sa santé des biens imaginaires à la place des biens réels qu’elle lui offrait d’elle-même quand il savait en jouir. Il fuit le soleil et le jour qu’il n’est plus digne de voir ; il s’enterre tout vivant et fait bien, ne méritant plus de vivre à la lumière du jour. Là, des carrières, des gouffres, des forges, des fourneaux, un appareil d’enclumes, de marteaux, de fumée et de feu, succèdent aux douces images des travaux champêtres. Les visages hâves des malheureux qui languissent dans les infectes vapeurs des mines, de noirs forgerons, de hideux cyclopes, sont le spectacle que l’appareil des mines substitue, au sein de la terre, à celui de la verdure et des fleurs, du ciel azuré, des bergers amoureux et des laboureurs robustes, sur sa surface.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
C'était une chose repoussante que toutes ces monstrueuses paroles sortant de cette bouche vermeille et fraîche. On eût dit la bave d'une limace sur une rose.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
La France, à grands frais, doit conserver une puissante armée parce qu'elle n'a pas, vis-à-vis de l'Allemagne, les sécurités indispensables.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Ces feuilles peuvent donc être regardées comme un appendice de mes Confessions, mais je ne leur en donne plus le titre, ne sentant plus rien à dire qui puisse le mériter.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Voilà ce qu’ils vont faire de ton père, ces hommes dont aucun ne me hait, qui tous me plaignent et tous pourraient me sauver. Ils vont me tuer. Comprends-tu cela, Marie ? Me tuer de sang-froid, en cérémonie, pour le bien de la chose ! Ah ! grand Dieu !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Les premiers jours on me traita avec une douceur qui m'était horrible. Les égards d'un guichetier sentent l'échafaud.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Tout est fini pour moi sur la terre. On ne peut plus m’y faire ni bien ni mal. Il ne me reste plus rien à espérer ni à craindre en ce monde, et m’y voilà tranquille au fond de l’abîme, pauvre mortel infortuné, mais impassible comme Dieu même.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
On trouve surtout des alliances contre quelqu'un ou contre quelque chose.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Les plantes semblent avoir été semées avec profusion sur la terre, comme les étoiles dans le ciel, pour inviter l’homme par l’attrait du plaisir et de la curiosité à l’étude de la nature ; mais les astres sont placés loin de nous ; il faut des connaissances préliminaires, des instruments, des machines, de bien longues échelles pour les atteindre et les rapprocher à notre portée.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l'ordre des années et des mondes.
Marcel Proust : Du côté de chez Swann (1913)

soon
Si à force de réfléchir sur mes dispositions intérieures je parviens à les mettre en meilleur ordre et à corriger le mal qui peut y rester, mes méditations ne seront pas entièrement inutiles, et quoique je ne sois plus bon à rien sur la terre, je n’aurai pas tout à fait perdu mes derniers jours.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Le moment où j’échappe au cortège des méchants est délicieux, et sitôt que je me vois sous les arbres, au milieu de la verdure, je crois me voir dans le paradis terrestre et je goûte un plaisir interne aussi vif que si j’étais le plus heureux des mortels.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
J’aime encore mieux être moi dans toute ma misère que d’être aucun de ces gens-là dans toute leur prospérité.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Je tombai dans tous les pièges qu’on creusa sous mes pas, l’indignation, la fureur, le délire, s’emparèrent de moi, je perdis la tramontane, ma tête se bouleversa, et dans les ténèbres horribles où l’on n’a cessé de me tenir plongé, je n’aperçus plus ni lueur pour me conduire, ni appui ni prise où je pusse me tenir ferme et résister au désespoir qui m’entraînait.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Quand le conseil des Alliés chercha le moyen de désarmer l'Allemagne, il oublia le meilleur, qui était de ne laisser subsister que de petites armées attribuées à chacun des États allemands.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Si ma figure et mes traits étaient aussi parfaitement inconnus aux hommes que le sont mon caractère et mon naturel, je vivrais encore sans peine au milieu d’eux ; leur société même pourrait me plaire tant que je leur serais parfaitement étranger.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Tout est prison autour de moi ; je retrouve la prison sous toutes les formes, sous la forme humaine comme sous la forme de grille ou de verrou. Ce mur, c’est de la prison en pierre ; cette porte, c’est de la prison en bois ; ces guichetiers, c’est de la prison en chair et en os.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Il paraît que la porte s’était ouverte, l’avait vomi, puis s’était refermée sans que je m’en fusse aperçu. Si la mort pouvait venir ainsi !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Comment observer, disséquer, étudier, connaître les oiseaux dans les airs, les poissons dans les eaux, les quadrupèdes plus légers que le vent, plus forts que l’homme et qui ne sont pas plus disposés à venir s’offrir à mes recherches que moi de courir après eux pour les y soumettre de force ?
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Que je devais regarder tous les détails de ma destinée comme autant d’actes d’une pure fatalité où je ne devais supposer ni direction, ni intention, ni cause morale ; qu’il fallait m’y soumettre sans raisonner et sans regimber parce que cela serait inutile ; que tout ce que j’avais à faire encore sur la terre étant de m’y regarder comme un être purement passif, je ne devais point user à résister inutilement à ma destinée la force qui me restait pour la supporter. Voilà ce que je me disais. Ma raison, mon cœur y acquiesçaient et néanmoins je sentais ce cœur murmurer encore. D’où venait ce murmure ? Je le cherchai, je le trouvai ; il venait de l’amour-propre qui après s’être indigné contre les hommes se soulevait encore contre la raison.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Nous traversâmes une cour intérieure. L’air vif du matin me ranima. Je levai la tête. Le ciel était bleu, et les rayons chauds du soleil, découpés par les longues cheminées, traçaient de grands angles de lumière au faîte des murs hauts et sombres de la prison. Il faisait beau en effet.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Qu'est-ce que la Société des Nations ? L'équilibre irréel au lieu de l'équilibre réel.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Le résultat de mes pénibles recherches fut tel à peu près que je l’ai consigné depuis dans la Profession de foi du Vicaire savoyard, ouvrage indignement prostitué et profané dans la génération présente, mais qui peut faire un jour révolution parmi les hommes si jamais il y renaît du bon sens et de la bonne foi.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
L'unité allemande n'était pas seulement maintenue, mais renforcée. Les Alliés avaient affirmé leur volonté de ne pas intervenir dans les affaires intérieures allemandes. Ils y étaient intervenus pourtant. Toutes les mesures qu'ils avaient prises avaient eu pour résultat de centraliser l'État fédéral allemand et de consolider les anciennes victoires de la Prusse. S'il y avait des aspirations à l'autonomie ou au fédéralisme parmi les populations allemandes, elles étaient étouffées. Le traité poussait, enfermait, parquait 60 millions d'hommes entre des frontières rétrécies.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
J’ai remarqué qu’il n’y a que l’Europe seule où l’on vende l’hospitalité. Dans toute l’Asie on vous loge gratuitement, je comprends qu’on n’y trouve pas si bien toutes ses aises. Mais n’est-ce rien que de se dire : Je suis homme et reçu chez des humains. C’est l’humanité pure qui me donne le couvert. Les petites privations s’endurent sans peine, quand le cœur est mieux traité que le corps.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
En 1813, le militarisme ne disposait que des ressources de la Prusse frédéricienne. En 1870, des ressources de la Prusse bismarckienne. Pour sa renaissance, il aura celles de tout l'Empire allemand, tel que le traité de Versailles l'a reconnu et consacré.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Chambres d'été où l'on aime être uni à la nuit tiède, où le clair de lune appuyé aux volets entr'ouverts jette jusqu'au pied du lit son échelle enchantée, où on dort presque en plein air, comme la mésange balancée par la brise à la pointe d'un rayon.
Marcel Proust : Du côté de chez Swann (1913)

soon
L’artificiel, c’est le décret qui rend à un peuple l’indépendance sans lui donner les moyens de la garder et qui le met de prime abord en état d’infériorité vis-à-vis de ses ennemis-nés.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Mes agitations, mon indignation, me plongèrent dans un délire qui n’a pas eu trop de dix ans pour se calmer, et dans cet intervalle, tombé d’erreur en erreur, de faute en faute, de sottise en sottise, j’ai fourni par mes imprudences aux directeurs de ma destinée autant d’instruments qu’ils ont habilement mis en œuvre pour la fixer sans retour.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Quelle sera désormais la nature de nos rapports avec l'Allemagne ? C'est la première des questions. C'est le bout de la chaîne. Et là, il n'y a pas de doute. Il n'y a pas de choix. Si nous avons échappé à la dépendance de l'Allemagne, nous restons dans la dépendance du problème allemand.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Décidé sur toutes les choses dont il m’importait de juger, je vis, en comparant mes maximes à ma situation, que je donnais aux insensés jugements des hommes et aux petits événements de cette courte vie beaucoup plus d’importance qu’ils n’en avaient.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
D'ailleurs ces angoisses, le seul moyen d'en moins souffrir, c'est de les observer, et les peindre m'en distraira.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Elle m’avait éloigné. Tout me rappelait à elle, il y fallut revenir. Ce retour fixa ma destinée et longtemps encore avant de la posséder je ne vivais plus qu’en elle et pour elle.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
J’avais mis mes enfants aux Enfants-Trouvés ; c’en était assez pour m’avoir travesti en père dénaturé, et de là, en étendant et caressant cette idée on en avait peu à peu tiré la conséquence évidente que je haïssais les enfants ; en suivant par la pensée la chaîne de ces gradations j’admirais avec quel art l’industrie humaine sait changer les choses du blanc au noir. Car je ne crois pas que jamais homme ait plus aimé que moi à voir de petits bambins folâtrer et jouer ensemble, et souvent dans la rue et aux promenades je m’arrête à regarder leur espièglerie et leurs petits jeux avec un intérêt que je ne vois partager à personne.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
La botanique est l’étude d’un oisif et paresseux solitaire : une pointe et une loupe sont tout l’appareil dont il a besoin pour les observer.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Maintenant je suis captif. Mon corps est aux fers dans un cachot, mon esprit est en prison dans une idée. Une horrible, une sanglante, une implacable idée ! Je n’ai plus qu’une pensée, qu’une conviction, qu’une certitude : condamné à mort !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Sur le grand paquebot qui à minuit devait quitter New York à destination de Buenos-Aires, régnait le va-et-vient habituel du dernier moment. Les passagers embarquaient, escortés d’une foule d’amis : des porteurs de télégrammes, la casquette sur l’oreille, jetaient des noms à travers les salons : on amenait des malles et des fleurs, des enfants curieux couraient du haut en bas du navire, pendant que l’orchestre accompagnait imperturbablement ce grand spectacle, sur le pont.
Stefan Zweig : Le Joueur d'échecs (1943)

soon
La paix a conservé et resserré l'unité de l'État allemand. Voilà ce qu'elle a de doux. Cette concession essentielle n'aggrave pas seulement, pour le désarmement, les difficultés de la surveillance. Nous répétons que la puissance politique engendre toutes les autres et un État de soixante millions d'hommes, le plus nombreux de l'Europe occidentale et centrale, possède dès maintenant cette puissance politique. Tôt ou tard, l'Allemagne sera tentée d'en user. Elle y sera même poussée par les justes duretés que les Alliés ont mises dans les autres parties de l'acte de Versailles. Tout est disposé pour faire sentir à 60 millions d'Allemands qu'ils subissent en commun, indivisiblement, un sort pénible. Tout est disposé pour leur donner l'idée et la faculté de s'en affranchir, et les entraves elles-mêmes serviront de stimulants.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Pendant que je traversais la longue salle entre deux masses de peuple murées de soldats, il me semblait que j’étais le centre auquel se rattachaient les fils qui faisaient mouvoir toutes ces faces béantes et penchées.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Les hommes se garderont, je le sais, de me rendre un si doux asile où ils n’ont pas voulu me laisser. Mais ils ne m’empêcheront pas du moins de m’y transporter chaque jour sur les ailes de l’imagination, et d’y goûter durant quelques heures le même plaisir que si je l’habitais encore. Ce que j’y ferais de plus doux serait d’y rêver à mon aise. En rêvant que j’y suis ne fais-je pas la même chose ?
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Swann est une démonstration. Comme j'ai (je pense à une comparaison musicale) un grand nombre de thèmes à exposer ou (sportive) de chevaux à faire partir, il y a un peu d'encombrement au départ. Mais croire que c'est écrit au hasard des souvenirs !
(Lettre à Daniel Halévy)

: (1970)

soon
Je me demandais quelle heure il pouvait être ; j'entendais le sifflement des trains qui, plus ou moins éloigné, comme le chant d'un oiseau dans une forêt, relevant les distances, me décrivait l'étendue de la campagne déserte où le voyageur se hâte vers la station prochaine ; et le petit chemin qu'il suit va être gravé dans son souvenir par l'excitation qu'il doit à des lieux nouveaux, à des actes inaccoutumés, à la causerie récente et aux adieux sous la lampe étrangère qui le suivent encore dans le silence de la nuit, à la douceur prochaine du retour.
Marcel Proust : Du côté de chez Swann (1913)

soon
Ma résignation vient d’une source moins désintéressée il est vrai, mais non moins pure et plus digne à mon gré de l’Être parfait que j’adore. Dieu est juste ; il veut que je souffre ; et il sait que je suis innocent.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Ô ma pauvre petite fille ! encore six heures, et je serai mort ! Je serai quelque chose d’immonde qui traînera sur la table froide des amphithéâtres ; une tête qu’on moulera d’un côté, un tronc qu’on disséquera de l’autre ; puis de ce qui restera, on en mettra plein une bière, et le tout ira à Clamart.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
De la défense passer à l'agression, il n'y a qu'un pas : les motifs sont les mêmes. La possession d'un bon instrument militaire donne fatalement l'envie de s'en servir.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Notre armée est un capital national que nous ne devons pas gaspiller et, si nous le prêtons, ne prêter qu'à gros intérêts, c'est-à-dire seulement pour nos propres intérêts.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Tel est l’état où je me suis trouvé souvent à l’île de Saint-Pierre dans mes rêveries solitaires, soit couché dans mon bateau que je laissais dériver au gré de l’eau, soit assis sur les rives du lac agité, soit ailleurs, au bord d’une belle rivière ou d’un ruisseau murmurant sur le gravier.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Je consacre mes derniers jours à m’étudier moi-même et à préparer d’avance le compte que je ne tarderai pas à rendre de moi. Livrons-nous tout entier à la douceur de converser avec mon âme puisqu’elle est la seule que les hommes ne puissent m’ôter.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
On dit qu’un Allemand a fait un livre sur un zeste de citron, j’en aurais fait un sur chaque gramen des prés, sur chaque mousse des bois, sur chaque lichen qui tapisse les rochers ; enfin je ne voulais pas laisser un poil d’herbe, pas un atome végétal qui ne fût amplement décrit.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Pourquoi l'idée d'une revanche allemande est-elle si peu absurde que nous soyons obligés de revenir au régime de la paix armée ?
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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Il n’y a pas de jour où je ne me rappelle avec joie et attendrissement cet unique et court temps de ma vie où je fus moi pleinement, sans mélange et sans obstacle, et où je puis véritablement dire avoir vécu. Je puis dire à peu près comme ce préfet du prétoire qui disgracié sous Vespasien s’en alla finir paisiblement ses jours à la campagne : « J’ai passé soixante et dix ans sur la terre, et j’en ai vécu sept. » Sans ce court mais précieux espace je serais resté peut-être incertain sur moi ; car tout le reste de ma vie, faible et sans résistance, j’ai été tellement agité, ballotté, tiraillé par les passions d’autrui, que presque passif dans une vie aussi orageuse j’aurais peine à démêler ce qu’il y a du mien dans ma propre conduite, tant la dure nécessité n’a cessé de s’appesantir sur moi. Mais durant ce petit nombre d’années, aimé d’une femme pleine de complaisance et de douceur, je fis ce que je voulais faire ; je fus ce que je voulais être, et par l’emploi que je fis de mes loisirs, aidé de ses leçons et de son exemple, je sus donner à mon âme encore simple et neuve la forme qui lui convenait davantage et qu’elle a gardée toujours.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
On peut conclure à l'indifférence, à l'inutilité de tout. C'est bien si, pour son compte, on est résolu à endurer les suites de la sottise en se consolant de ce qu'il souffre par l'âcre plaisir que procure le spectacle de l'universelle insanité.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Le danger, à l'origine, n'apparaîtra qu'à des yeux très exercés et à des hommes très perspicaces. Les foules y resteront insensibles et les gouvernements seront tentés de les nier.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Mais, au milieu de ces orages européens, l'Allemagne elle-même n'échapperait sans doute pas à des secousses et à des crises. C'est là que la politique française devra pouvoir, sans entraves, aider et diriger les événements. Sa doctrine (et sans une doctrine, on n'a pas de politique), sa doctrine fondée sur l'expérience est qu'il n'y a pas de repos ni de sécurité en Europe si l'Allemagne reste forte, et rien n'empêchera qu'elle redevienne forte tant qu'elle sera unie et centralisée.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Faut-il s’étonner si j’aime la solitude ? Je ne vois qu’animosité sur les visages des hommes, et la nature me rit toujours.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Du fond de la Galerie des Glaces, Müller et Bell, de noir habillés, avaient comparu devant les représentants de vingt-sept peuples réunis. Dans le même lieu, sous les mêmes peintures, quarante-huit ans plus tôt, l'Empire allemand avait été proclamé. Il y revenait pour s'entendre déclarer à la fois coupable et légitime, intangible et criminel. À sa condamnation, il gagnait d'être reconnu.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
— Monsieur, m’a-t-il dit, pardon ! Est-ce que je vous ai fait mal ?
Ces bourreaux sont des hommes très doux.

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Ne pouvant plus faire aucun bien qui ne tourne à mal, ne pouvant plus agir sans nuire à autrui ou à moi-même, m’abstenir est devenu mon unique devoir, et je le remplis autant qu’il est en moi.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
J’ignore comment cela se faisait ; dans la brume, et malgré la pluie fine et blanche qui rayait l’air comme un réseau de fils d’araignée, rien de ce qui se passait autour de moi ne m’a échappé. Chacun de ces détails m’apportait sa torture. Les mots manquent aux émotions.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Il me semble que, dès que mes yeux seront fermés, je verrai une grande clarté et des abîmes de lumière où mon esprit roulera sans fin. Il me semble que le ciel sera lumineux de sa propre essence, que les astres y feront des taches obscures, et qu’au lieu d’être comme pour les yeux vivants des paillettes d’or sur du velours noir, ils sembleront des points noirs sur du drap d’or.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Qu’aurais-je encore à confesser quand toutes les affections terrestres en sont arrachées ?
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Que je croie le sable qui est au fond de la mer blanc ou rouge, cela ne m’importe pas plus que d’ignorer de quelle couleur il est.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Eh bien donc ! ayons courage avec la mort, prenons cette horrible idée à deux mains, et considérons-la en face. Demandons-lui compte de ce qu’elle est, sachons ce qu’elle nous veut, retournons-la en tous sens, épelons l’énigme, et regardons d’avance dans le tombeau.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Oh ! si ces jurés l’avaient vue, au moins, ma jolie petite Marie, ils auraient compris qu’il ne faut pas tuer le père d’un enfant de trois ans.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Le bruit des vagues et l’agitation de l’eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m’en fusse aperçu. Le flux et reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Les hommes, je me rappelle l’avoir lu dans je ne sais quel livre où il n’y avait que cela de bon, les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Au commencement Dieu créa le ciel et la terre.
: La Genèse (0001)

soon
Si le Temple de Gnide est un ouvrage utile, l’histoire du manuscrit grec n’est qu’une fiction très innocente ; elle est un mensonge très punissable si l’ouvrage est dangereux.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Sans doute les auteurs d'un traité n'ont pas coutume de dire en public les raisons pour lesquelles ils ont pris tel parti plutôt que tel autre. Lorsqu'il s'agit de coalisés qui, une fois la victoire acquise, obéissent à des intérêts divers, cette dissimulation est plus naturelle encore. Le langage de l'idéalisme est commode et il était déjà venu aux lèvres des vainqueurs de 1815. Nous savons aujourd'hui quels avaient été les calculs, les soucis, les différends des Alliés de l'autre siècle.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Peut-être aurais-je encore le temps d’écrire quelques pages pour elle, afin qu’elle les lise un jour, et qu’elle pleure dans quinze ans pour aujourd’hui.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Les particuliers meurent, mais les corps collectifs ne meurent point. Les mêmes passions s’y perpétuent, et leur haine ardente, immortelle comme le démon qui l’inspire, a toujours la même activité.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
J’ai pensé quelquefois assez profondément ; mais rarement avec plaisir, presque toujours contre mon gré et comme par force : la rêverie me délasse et m’amuse, la réflexion me fatigue et m’attriste ; penser fut toujours pour moi une occupation pénible et sans charme. Quelquefois mes rêveries finissent par la méditation, mais plus souvent mes méditations finissent par la rêverie, et durant ces égarements mon âme erre et plane dans l’univers sur les ailes de l’imagination, dans des extases qui passent toute autre jouissance.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Mais si ces morts-là reviennent, sous quelle forme reviennent-ils ? Que gardent-ils de leur corps incomplet et mutilé ? Que choisissent-ils ? Est-ce la tête ou le tronc qui est spectre ?
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Misérable ! quel crime j’ai commis, et quel crime je fais commettre à la société !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Il n’est pas rare qu’après une guerre gagnée, le vainqueur, ou, quand il y a des coalisés, l’un au moins des vainqueurs soit mécontent de la paix et pense qu’il a été dupe.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Oh ! si je m'évadais, comme je courrais à travers champs !
Non, il ne faudrait pas courir. Cela fait regarder et soupçonner. Au contraire, marcher lentement, tête levée, en chantant.

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Le bagne, c’est dur ; coucher sur une planche, boire de l’eau claire, manger du pain noir, traîner un imbécile de boulet qui ne sert à rien ; des coups de bâton et des coups de soleil. Avec cela on est tondu, et moi qui avais de beaux cheveux châtains !…
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
J'aurais aimé les hommes en dépit d'eux-mêmes.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Pour Macbeth mourant, Shakespeare adresse au monde son adieu et son mépris : « Une fable contée par un fou, avec un grand fracas de mots et de gestes, et qui ne signifie rien ». Voltaire a vu les hommes s'agiter. Il a écrit les annales de dix peuples. Il désespère d'expliquer. Il refuse d'encourager les politiques et les historiens : « Le gros du genre humain a été et sera toujours imbécile ; les plus insensés sont ceux qui ont voulu trouver un sens à ces fables absurdes et mettre de la raison dans la folie ». Shakespeare et Voltaire se rencontrent dans le dédain et dans la pitié. Rien n'instruit et rien n'améliore. L'expérience des pères est perdue pour les enfants. L'humanité tourne dans un cercle de douleurs.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
En face de moi une fenêtre était toute grande ouverte. J’entendais rire sur le quai des marchandes de fleurs ; et, au bord de la croisée, une jolie petite plante jaune, toute pénétrée d’un rayon de soleil, jouait avec le vent dans une fente de la pierre.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Délivré de toutes les passions terrestres qu’engendre le tumulte de la vie sociale, mon âme s’élancerait fréquemment au-dessus de cette atmosphère, et commercerait d’avance avec les intelligences célestes dont elle espère aller augmenter le nombre dans peu de temps.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Nous aurons à nous assurer contre une coalition germano-russe, éventuelle sans doute, mais qu'il sera plus prudent de considérer comme probable.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Mille ans d'histoire avaient vu déjà bien des changements, bien des retournements de situation entre l'Empire germanique et la France. La période 1871-1914 a vu s'accomplir une expérience toute particulière. La France et l'Allemagne avaient achevé leur unité.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Surpris par les plus imprévus de tous les malheurs et les plus terribles pour une âme fière, traîné dans la fange sans jamais savoir par qui ni pourquoi, plongé dans un abîme d’ignominie, enveloppé d’horribles ténèbres à travers lesquelles je n’apercevais que de sinistres objets, à la première surprise je fus terrassé, et jamais je ne serais revenu de l’abattement où me jeta ce genre imprévu de malheurs si je ne m’étais ménagé d’avance des forces pour me relever dans mes chutes.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Tout a une fin, et autant cell-là qu'une autre.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Nous souhaitons seulement à la troisième République, dans la voie nouvelle où l'ont introduite les événements, de ne pas finir par un contre-sens, comme la seconde avait fini.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Je viens de faire mon testament.
À quoi bon ? Je suis condamné aux frais, et tout ce que j'ai y suffira à peine. La guillotine, c'est fort cher.

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
À moins qu'après ma mort le vent ne joue dans le préau avec ces morceaux de papier souillés de boue, ou qu'ils n'aillent pourrir à la pluie, collés en étoiles à la vitre cassée d'un guichetier.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
C'est toujours à l'équilibre des forces, à l'équilibre politique qu'on se trouve ramené.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Quoi ! le soleil, le printemps, les champs pleins de fleurs, les oiseaux qui s'éveillent le matin, les nuages, les arbres, la nature, la liberté, la vie, tout cela n'est plus à moi ?
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Les loisirs de mes promenades journalières ont souvent été remplis de contemplations charmantes dont j’ai regret d’avoir perdu le souvenir. Je fixerai par l’écriture celles qui pourront me venir encore ; chaque fois que je les relirai m’en rendra la jouissance. J’oublierai mes malheurs, mes persécuteurs, mes opprobres, en songeant au prix qu’avait mérité mon cœur.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
La Prusse d'aujourd'hui, c'est l'Allemagne. Le traité de Versailles les confond. Et ce que ressent la Prusse, l'Allemagne doit le ressentir aussi. Le désarmement qu'ordonne le traité de Versailles est une garantie encore plus faible que celui que Napoléon lui-même n'avait pu obtenir, — et pourtant Napoléon était entré à Berlin.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Que les Italiens entrent en conflit avec les Yougo-Slaves, qu'ils s'allient avec eux par l'intermédiaire de l'Allemagne (car ce ne peut être, comme avec l'Autriche, que tout l'un ou l'autre, l'alliance ou le conflit), notre embarras sera égal, nous subirons les conséquences de la même façon. Cette Adriatique, la seule mer peut-être où nous n'ayons rien à faire, où nous n'ayons pas d'intérêts, l'amertume en reste à l'Italie et les orages pour nous.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Si je ne suis malheureux ils le sont eux-mêmes, et chaque fois que je rentre en moi je les trouve toujours à plaindre. L’orgueil peut-être se mêle encore à ces jugements, je me sens trop au-dessus d’eux pour les haïr. Ils peuvent m’intéresser tout au plus jusqu’au mépris, mais jamais jusqu’à la haine : enfin je m’aime trop moi-même pour pouvoir haïr qui que ce soit. Ce serait resserrer, comprimer mon existence, et je voudrais plutôt l’étendre sur tout l’univers.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Faute de calcul, une part énorme de l’avenir a été livrée à l’inconnu et au hasard, une part qui dépasse à l’excès les limites que rencontrent les intelligences les plus profondes lorsqu’elles s’appliquent à diriger le cours des grandes affaires.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Une guerre avec l'Allemagne serait le suicide de la Tchéco-Slovaquie. Une extrême prudence est ordonnée au gouvernement de Prague. Et la prudence s'appelle neutralité. Et la neutralité inconditionnelle, absolue, s'appelle bientôt l'assujettissement.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Le mal que m’ont fait les hommes ne me touche en aucune sorte ; la crainte seule de celui qu’ils peuvent me faire encore est capable de m’agiter ; mais certain qu’ils n’ont plus de nouvelle prise par laquelle ils puissent m’affecter d’un sentiment permanent je me ris de toutes leurs trames et je jouis de moi-même en dépit d’eux.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
La Conférence de la paix a été un concile. Après qu'il eut été entendu, une fois pour toutes, qu'on ne reviendrait ni sur la liberté des mers, ni sur les colonies, ni sur les navires de l'Allemagne, les principaux négociateurs, forts de l'armée d'experts et de techniciens qui leur apportaient, sur des questions particulières, des mémoires et des solutions, édifièrent une nouvelle Europe. Et lorsque, du silence parfois coupé d'orages où le Conseil suprême s'était enfermé, sortit le plus important des traités, celui de Versailles, qui donnerait leur forme aux autres, voici le monstre que l'on vit.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Suis-je donc seul sage, seul éclairé parmi les mortels ?
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Cependant nos têtes se touchaient, nos cheveux se mêlaient, nos haleines peu à peu se rapprochèrent, et nos bouches tout à coup.
Quand nous voulûmes continuer notre lecture, le ciel était étoilé.

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Dieu dit : « Que la lumière soit ! » et la lumière fut.
Et Dieu vit que la lumière était bonne ; et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière Jour, et les ténèbres Nuit.
Et il y eut un soir, et il y eut un matin ; ce fut le premier jour.

: La Genèse (0001)

soon
Le recours à la garantie — quel que soit le sort de la convention, quelle qu'en soit la valeur pratique — témoigne, de toute façon, contre une paix qui n'est pas reconnue capable de se soutenir par elle-même et qui a si peu changé la face du monde qu'il importe d'envisager l'hypothèse où la même guerre renaîtrait dans les mêmes conditions.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
La terre était informe et vide ; les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.
: La Genèse (0001)

soon
Un jour, j’avais faim, je donnai un coup de coude dans le carreau d’un boulanger ; j’empoignai un pain, et le boulanger m’empoigna ; je ne mangeai pas le pain, et j’eus les galères à perpétuité, avec trois lettres de feu sur l’épaule. — Je te montrerai, si tu veux. — On appelle cette justice-là la récidive.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Nous sommes donc partis, dans ce livre, du plus simple pour aller au composé, jusqu'aux limites où ce composé commence à se dissoudre dans un détail impalpable. C'est tout ce qu'il y a de méthodique dans cet ouvrage.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Pour une idée, pour une rêverie, pour une abstraction, cette horrible réalité qu'on appelle la guillotine !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Une idéale apparition au milieu d’un siècle de fer, un martyr de l’art, un martyr de la foi, Louis II n’est pas moins que tout cela en quatorze vers d’un sonnet de Verlaine.
Jacques Bainville : Louis II de Bavière (1900)

soon
Quand après avoir vainement cherché un homme il fallut éteindre enfin ma lanterne et m’écrier : il n’y en a plus ; alors je commençai à me voir seul sur la terre, et je compris que mes contemporains n’étaient par rapport à moi que des êtres mécaniques qui n’agissaient que par impulsion et dont je ne pouvais calculer l’action que par les lois du mouvement.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
O naïfs diplomates napoléoniens, disions-nous alors, savez-vous ce qui arrivera ? C'est que vous n'aurez pas les provinces rhénanes et que l'Allemagne gardera l'Autriche.
Elle ne renonce pas à l'espoir de la prendre un jour. C'est, à portée de sa main, une tentation permanente.

Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Oui je le dis et le sens avec une fière élévation d’âme, j’ai porté dans cet écrit (nb : « Les Confession ») la bonne foi, la véracité, la franchise, aussi loin, plus loin même, au moins je le crois, que ne fit jamais aucun autre homme ; sentant que le bien surpassait le mal j’avais mon intérêt à tout dire, et j’ai tout dit.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Hélas ! n’aimer ardemment qu’un seul être au monde, l’aimer avec tout son amour, et l’avoir devant soi, qui vous voit et vous regarde, vous parle et vous répond et ne vous connaît pas ! Ne vouloir de consolation que de lui, et qu’il soit le seul qui ne sache pas qu’il vous en faut parce que vous allez mourir !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Ainsi pour me contempler moi-même avant mon déclin, il faut que je remonte au moins de quelques années au temps où perdant tout espoir ici-bas et ne trouvant plus d’aliment pour mon cœur sur la terre, je m’accoutumais peu à peu à le nourrir de sa propre substance et à chercher toute sa pâture au-dedans de moi.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
La sécurité manque à tous ces pays dont la construction n’est ni naturelle ni rationnelle. La force leur manque également. Et quand des peuples ne se sentent ni forts ni sûrs, leur politique louvoie.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Ô rage ! démons ! malédiction ! Il faudrait des mois pour percer ce mur avec de bons outils, et je n'ai ni un clou, ni une heure !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Ces alliés, quels seront-ils ? Comment les trouverons-nous ? Il ne s'agit pas de mendier les alliances. On les obtient par la force et par le prestige qu'on possède, par les services qu'on peut rendre. On les obtient aussi par la conformité des intérêts.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
C'est la vie vue de près.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Pour la première fois de ma vie j’eus du courage, et je dois à son succès d’avoir pu soutenir l’horrible destinée qui dès lors commençait à m’envelopper sans que j’en eusse le moindre soupçon.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
À travers le nuage qui me semblait s’être interposé entre les choses et moi, je distinguai deux jeunes filles qui me suivaient avec des yeux avides ; — Bon, dit la plus jeune en battant des mains, ce sera dans six semaines !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Déjà je touche au déclin. Si j’attends encore, je n’aurai plus dans ma délibération tardive l’usage de toutes mes forces ; mes facultés intellectuelles auront déjà perdu de leur activité, je ferai moins bien ce que je puis faire aujourd’hui de mon mieux possible : saisissons ce moment favorable ; il est l’époque de ma réforme externe et matérielle, qu’il soit aussi celle de ma réforme intellectuelle et morale. Fixons une bonne fois mes opinions, mes principes, et soyons pour le reste de ma vie ce que j’aurai trouvé devoir être après y avoir bien pensé.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Le pourvoi, c'est une corde qui vous tient suspendu au-dessus de l'abîme, et qu'on entend craquer à chaque instant, jusqu'à ce qu'elle se casse. C'est comme si le couteau de la guillotine mettait six semaines à tomber.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Seul pour le reste de ma vie, puisque je ne trouve qu’en moi la consolation, l’espérance et la paix, je ne dois ni ne veux plus m’occuper que de moi.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
J’étais fait pour vivre, et je meurs sans avoir vécu.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Est-ce que je puis avoir quelque chose à dire, moi qui n'ai plus rien à faire dans ce monde ? Et que trouverai-je dans ce cerveau flétri et vide qui vaille la peine d'être écrit ?
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
J’ai fermé les yeux, et j’ai mis les mains dessus, et j’ai tâché d’oublier, d’oublier le présent dans le passé. Tandis que je rêve, les souvenirs de mon enfance et de ma jeunesse me reviennent un à un, doux, calmes, riants, comme des îles de fleurs sur ce gouffre de pensées noires et confuses qui tourbillonnent dans mon cerveau.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Des ennemis, partout des ennemis. Tel est l'état d'esprit que la paix a créé chez les Italiens.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Réduit à moi seul, je me nourris, il est vrai, de ma propre substance, mais elle ne s’épuise pas et je me suffis à moi-même, quoique je rumine pour ainsi dire à vide et que mon imagination tarie et mes idées éteintes ne fournissent plus d’aliments à mon cœur. Mon âme offusquée, obstruée par mes organes, s’affaisse de jour en jour et sous le poids de ces lourdes masses n’a plus assez de vigueur pour s’élancer comme autrefois hors de sa vieille enveloppe.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Un signe, un geste, un coup d’œil d’un inconnu suffit pour troubler mes plaisirs ou calmer mes peines. Je ne suis à moi que quand je suis seul, hors de là je suis le jouet de tous ceux qui m’entourent.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
J’engageai maman à vivre à la campagne. Une maison isolée au penchant d’un vallon fut notre asile, et c’est là que dans l’espace de quatre ou cinq ans j’ai joui d’un siècle de vie et d’un bonheur pur et plein qui couvre de son charme tout ce que mon sort présent a d’affreux. J’avais besoin d’une amie selon mon cœur, je la possédais. J’avais désiré la campagne, je l’avais obtenue ; je ne pouvais souffrir l’assujettissement, j’étais parfaitement libre, et mieux que libre, car assujetti par mes seuls attachements, je ne faisais que ce que je voulais faire. Tout mon temps était rempli par des soins affectueux ou par des occupations champêtres. Je ne désirais rien que la continuation d’un état si doux. Ma seule peine était la crainte qu’il ne durât pas longtemps, et cette crainte née de la gêne de notre situation n’était pas sans fondement. Dès lors je songeai à me donner en même temps des diversions sur cette inquiétude et des ressources pour en prévenir l’effet. Je pensai qu’une provision de talents était la plus sûre ressource contre la misère, et je résolus d’employer mes loisirs à me mettre en état, s’il était possible, de rendre un jour à la meilleure des femmes l’assistance que j’en avais reçue.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Les fenêtres étaient ouvertes ; l’air et le bruit de la ville arrivaient librement du dehors ; la salle était claire comme pour une noce ; les gais rayons du soleil traçaient ça et là la figure lumineuse des croisées, tantôt allongée sur le plancher, tantôt développée sur les tables, tantôt brisée à l’angle des murs ; et de ces losanges éclatants aux fenêtres chaque rayon découpait dans l’air un grand prisme de poussière d’or.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Mais les événements ne suivent jamais la voie qu'on leur assigne, surtout quand on veut que les choses soient autrement qu'elles ne sont, ce qui, disait Bossuet, est « le plus grand dérèglement de l'esprit. »
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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Laissons donc faire les hommes et la destinée ; apprenons à souffrir sans murmure ; tout doit à la fin rentrer dans l’ordre, et mon tour viendra tôt ou tard.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Que ne suis-je resté toujours dans cette imbécile mais douce confiance qui me rendit durant tant d’années la proie et le jouet de mes bruyants amis, sans qu’enveloppé de toutes leurs trames j’en eusse même le moindre soupçon ! J’étais leur dupe et leur victime, il est vrai, mais je me croyais aimé d’eux, et mon cœur jouissait de l’amitié qu’ils m’avaient inspirée en leur en attribuant autant pour moi. Ces douces illusions sont détruites.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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« On aura les conséquences », avait dit le sage d'Israël, rassasié de voir les dirigeants recommencer les mêmes fautes et les foules confier leur vie et leurs destins aux mêmes dirigeants. Les conséquences viennent toujours. Et nous les avons déjà.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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Ou bien, en m’éveillant après le coup, je me trouverai peut-être sur quelque surface plane et humide, rampant dans l’obscurité et tournant sur moi-même comme une tête qui roule. Il me semble qu’il y aura un grand vent qui me poussera, et que je serai heurté ça et là par d’autres têtes roulantes. Il y aura par places des mares et des ruisseaux d’un liquide inconnu et tiède ; tout sera noir. Quand mes yeux, dans leur rotation, seront tournés en haut, ils ne verront qu’un ciel d’ombre, dont les couches épaisses pèseront sur eux, et au loin dans le fond de grandes arches de fumée plus noires que les ténèbres. Ils verront aussi voltiger dans la nuit de petites étincelles rouges, qui, en s’approchant, deviendront des oiseaux de feu. Et ce sera ainsi toute l’éternité.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Entre la soumission et la lutte, il n'y a pas de milieu.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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Par le seul fait qu'elle restait telle qu'elle était et qu'elle continuait à vivre dans les mêmes conditions, la France est devenue réactionnaire. Et elle est année naturellement dans le sens où elle était portée. Elle ne s'en rend pas toujours compte et l'un des plus beaux vers de notre language l'a dit : « Rarement un esprit ose être ce qu'il est. » Oserons-nous être ce que nous sommes ?
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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Un vrombissement assourdissant.
Marc Malgène : Éric Zemmour : Défaite française (2023)

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Hélas, c’est quand on commence à quitter sa dépouille qu’on en est le plus offusqué !
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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L'union, aujourd'hui, n'est plus qu'une union de circonstance. Elle est de courte durée. Une fois passé l'incident qui l'a fait renaître, chacun retourne à ses affaires et à ses idées. Les souvenirs de la guerre s'éloignent. Ils entrent dans les musées historiques.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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Il ne fallait pas être extrêmement perspicace pour découvrir que ces quelques mots : « et l'Allemagne d'autre part, » étaient dans le traité de Versailles comme le ver dans le fruit.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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La douleur physique elle-même au lieu d’augmenter mes peines y ferait diversion. En m’arrachant des cris, peut-être, elle m’épargnerait des gémissements, et les déchirements de mon corps suspendraient ceux de mon cœur.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Elle m’avait parlé d’un roman qu’elle voulait faire pour le présenter à la reine. Je lui avais dit ce que je pensais des femmes auteurs.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires dans le firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit ; qu’ils soient des signes, qu’ils marquent les époques, les jours et les années, et qu’ils servent de luminaires dans le firmament du ciel pour éclairer la terre. » Et cela fut ainsi. Dieu fit les deux grands luminaires, le plus grand luminaire pour présider au jour, le plus petit luminaire pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles. Dieu les plaça dans le firmament du ciel pour éclairer la terre, pour présider au jour et à la nuit, et pour séparer la lumière et les ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon.
: La Genèse (0001)

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Ce bon geôlier, avec son sourire bénin, ses paroles caressantes, son œil qui flatte et qui espionne, ses grosses et larges mains, c’est la prison incarnée, c’est Bicêtre qui s’est fait homme.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Aujourd’hui jour de Pâques fleuries il y a précisément cinquante ans de ma première connaissance avec Mme de Warens. Elle avait vingt-huit ans alors, étant née avec le siècle. Je n’en avais pas encore dix-sept et mon tempérament naissant, mais que j’ignorais encore, donnait une nouvelle chaleur à un cœur naturellement plein de vie. S’il n’était pas étonnant qu’elle conçut de la bienveillance pour un jeune homme vif, mais doux et modeste, d’une figure assez agréable, il l’était encore moins qu’une femme charmante, pleine d’esprit et de grâce, m’inspirât avec la reconnaissance des sentiments plus tendres que je n’en distinguais pas. Mais ce qui est moins ordinaire est que ce premier moment décida de moi pour toute ma vie, et produisit par un enchaînement inévitable le destin du reste de mes jours. Mon âme dont mes organes n’avaient pas développé les plus précieuses facultés n’avait encore aucune forme déterminée. Elle attendait dans une sorte d’impatience le moment qui devait la lui donner, et ce moment accéléré par cette rencontre ne vint pourtant pas sitôt, et dans la simplicité de mœurs que l’éducation m’avait donnée je vis longtemps prolonger pour moi cet état délicieux mais rapide où l’amour et l’innocence habitent le même cœur.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Je me suis dit :
— Puisque j'ai le moyen d'écrire, pourquoi ne le ferais-je pas ? Mais quoi écrire ?

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Le plaisir d’aller dans un désert chercher de nouvelles plantes couvre celui d’échapper à des persécuteurs ; et parvenu dans des lieux où je ne vois nulles traces d’hommes je respire plus à mon aise comme dans un asile où leur haine ne me poursuit plus.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Mais s’il me reste peu d’acquisitions à espérer du côté des lumières utiles, il m’en reste de bien importantes à faire du côté des vertus nécessaires à mon état. C’est là qu’il serait temps d’enrichir et d’orner mon âme d’un acquis qu’elle pût emporter avec elle, lorsque délivrée de ce corps qui l’offusque et l’aveugle, et voyant la vérité sans voile, elle apercevra la misère de toutes ces connaissances dont nos faux savants sont si vains.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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On se reposait dans le pavillon, on riait, on causait, on chantait quelque vieille chanson qui valait bien le tortillage moderne, et enfin l’on s’allait coucher content de sa journée et n’en désirant qu’une semblable pour le lendemain.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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On nous a dit qu'une politique réaliste et pratique le voulait aussi, qu'une grande Allemagne aux rouages simplifiés, formant un tout économique, serait, pour nos réparations, un débiteur plus sûr qu'une Allemagne composée de petits États médiocrement prospères. Ce raisonnement commence à apparaître comme une des folies les plus remarquables de l'histoire moderne. Nous y avons gagné que 40 millions de Français sont créanciers d'une masse de 60 millions d'Allemands, et pour une créance recouvrable en trente ou quarante années.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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La vérité générale et abstraite est le plus précieux de tous les biens. Sans elle l’homme est aveugle ; elle est l’œil de la raison. C’est par elle que l’homme apprend à se conduire, à être ce qu’il doit être, à faire ce qu’il doit faire, à tendre à sa véritable fin.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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On m’avait ramené sur la paille de mon cachot, et j’étais tombé sur-le-champ dans un sommeil profond, dans un sommeil d’oubli.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Je ferai sur moi-même à quelque égard les opérations que font les physiciens sur l’air pour en connaître l’état journalier. J’appliquerai le baromètre à mon âme, et ces opérations bien dirigées et longtemps répétées me pourraient fournir des résultats aussi sûrs que les leurs.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Avant de sortir du cabanon, j'y ai promené un dernier coup d'œil. — Je l'aimais, mon cachot. — Puis, je l'ai laissé vide et ouvert ; ce qui donne à un cachot un air singulier.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Tout vient également d’un tempérament versatile qu’un vent impétueux agite, mais qui rentre dans le calme à l’instant que le vent ne souffle plus. C’est mon naturel ardent qui m’agite, c’est mon naturel indolent qui m’apaise. Je cède à toutes les impulsions présentes, tout choc me donne un mouvement vif et court ; sitôt qu’il n’y a plus de choc, le mouvement cesse, rien de communiqué ne peut se prolonger en moi.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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C'est pour aujourd'hui !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Convaincu de l’impossibilité de contenir ces premiers mouvements involontaires, j’ai cessé tous mes efforts pour cela. Je laisse à chaque atteinte mon sang s’allumer, la colère et l’imagination s’emparer de mes sens, je cède à la nature cette première explosion que toutes mes forces ne pourraient arrêter ni suspendre. Je tâche seulement d’en arrêter les suites avant qu’elle ait produit aucun effet. Les yeux étincelants, le feu du visage, le tremblement des membres, les suffocantes palpitations, tout cela tient au seul physique et le raisonnement n’y peut rien ; mais après avoir laissé faire au naturel sa première explosion, l’on peut redevenir son propre maître en reprenant peu à peu ses sens ; c’est ce que j’ai tâché de faire longtemps sans succès, mais enfin plus heureusement. Et cessant d’employer ma force en vaine résistance j’attends le moment de vaincre en laissant agir ma raison, car elle ne me parle que quand elle peut se faire écouter.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Le bonheur est un état permanent qui ne semble pas fait ici-bas pour l’homme. Tout est sur la terre dans un flux continuel qui ne permet à rien d’y prendre une forme constante.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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À la guerre des nations, terrible mais organisée, il semblait qu'une autre guerre allait succéder, plus atroce, pour achever de détruire ce qui restait de l'ancienne société : la guerre sociale, la guerre pour le pain. Il n'y avait pas eu de peur pendant la vraie guerre. Il y eut de la terreur dans les quelques mois qui l'ont suivie, et cette terreur a donné de mauvais conseils. Elle a fait désirer que l'Allemagne se consolidât pour résister à la contagion du bolchévisme. L'Allemagne a résisté. Elle s'est consolidée. Et c'est alors qu'a commencé sa résistance : nous ne nous en trouvons pas mieux.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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Je ne reverrai plus ces beaux paysages, ces forêts, ces lacs, ces bosquets, ces rochers, ces montagnes, dont l’aspect a toujours touché mon cœur : mais maintenant que je ne peux plus courir ces heureuses contrées je n’ai qu’à ouvrir mon herbier et bientôt il m’y transporte. Les fragments des plantes que j’y ai cueillies suffisent pour me rappeler tout ce magnifique spectacle. Cet herbier est pour moi un journal d’herborisation qui me les fait recommencer avec un nouveau charme et produit l’effet d’une optique qui les peindrait derechef à mes yeux.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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— Mort ! disais-je. Marie, sais-tu ce que c’est qu’être mort ?
— Oui, monsieur, a-t-elle répondu. Il est dans la terre et dans le ciel.

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Voilà un document à lire et à méditer aujourd’hui. Il faudrait pouvoir le relire quand un siècle aura passé.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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Comment une idée sinistre aurait-elle pu poindre parmi tant de gracieuses sensations ?
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Heureux si par mes progrès sur moi-même, j’apprends à sortir de la vie, non meilleur, car cela n’est pas possible, mais plus vertueux que je n’y suis entré.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Grand est le nombre des hommes qui subissent, qui vivent, souffrent et meurent sans avoir interrogé. Petit le nombre de ceux qui cherchent à déchiffrer les causes pour lesquelles ils payent jusque dans leur chair.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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Si les lecteurs veulent bien le lui permettre, l’auteur de ce livre commencera par une confession. Quand il était au collège, il n’aimait pas beaucoup l’histoire. Elle lui inspirait de l’ennui.
Jacques Bainville : Histoire de France (1924)

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Et nous allions tous deux nous plaindre ensemble à nos mères, qui nous donnaient tort tout haut et raison tout bas.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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J'ai fermé les yeux avec horreur, alors j'ai tout vu plus distinctement.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Ayant donc formé le projet de décrire l’état habituel de mon âme dans la plus étrange position où se puisse jamais trouver un mortel, je n’ai vu nulle manière plus simple et plus sûre d’exécuter cette entreprise que de tenir un registre fidèle de mes promenades solitaires et des rêveries qui les remplissent quand je laisse ma tête entièrement libre, et mes idées suivre leur pente sans résistance et sans gêne. Ces heures de solitude et de méditation sont les seules de la journée où je sois pleinement moi et à moi sans diversion, sans obstacle, et où je puisse véritablement dire être ce que la nature a voulu.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Il me semblait que j'étais moi-même ce dont parlait l'ouvrage : une église, un quatuor, la rivalité de François Ier et de Charles-Quint. Cette croyance survivait pendant quelques secondes à mon réveil ; elle ne choquait pas ma raison, mais pesait comme des écailles sur mes yeux et les empêchait de se rendre compte que le bougeoir n'était pas allumé.
Marcel Proust : Du côté de chez Swann (1913)

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Ces feuilles ne seront proprement qu’un informe journal de mes rêveries. Il y sera beaucoup question de moi parce qu’un solitaire qui réfléchit s’occupe nécessairement beaucoup de lui-même.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Je fais la même entreprise que Montaigne, mais avec un but tout contraire au sien : car il n’écrivait ses Essais que pour les autres, et je n’écris mes rêveries que pour moi.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Nous aurons les conséquences. Et nous les aurons tous. Elles viendront chercher l'ironiste et le philosophe. On ne sépare pas son sort de celui des nations. Ou bien on ne l'en sépare qu'à la condition de renoncer à soi-même pour se moquer du genre humain.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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Il y avait un grand bruit au dehors, comme un frémissement qui ondulait dans l’air. J’ai cru d’abord que c’était la rivière ; mais, à des rires qui éclataient, j’ai reconnu que c’était la foule.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Alors qu'il ne nous reste qu'à avancer dans la voie où la force des choses nous a mis, où elle a mis à leur insu des hommes qui ne soupçonnaient pas qu'ils étaient nés pour une réaction.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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Il n’est jamais trop tard pour apprendre, même de ses ennemis, à être sage, vrai, modeste, et à moins présumer de soi.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Aujourd’hui que mon cœur serré de détresse, mon âme affaissée par les ennuis, mon imagination effarouchée, ma tête troublée par tant d’affreux mystères dont je suis environné, aujourd’hui que toutes mes facultés, affaiblies par la vieillesse et les angoisses, ont perdu tout leur ressort, irai-je m’ôter à plaisir toutes les ressources que je m’étais ménagées, et donner plus de confiance à ma raison déclinante pour me rendre injustement malheureux, qu’à ma raison pleine et vigoureuse pour me dédommager des maux que je souffre sans les avoir mérités ?
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Dieu dit : « Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. » Et cela fut ainsi. Dieu appela le sec Terre, et il appela Mer l’amas des eaux. Et Dieu vit que cela était bon.
: La Genèse (0001)

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On aura les conséquences. Celui qui creuse, une fosse y tombe. Celui qui rompt une haie, le serpent le mord.
— L'Ecclésiaste, X, 8.

Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

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On ne m’a laissé passer guère que deux mois dans cette île, mais j’y aurais passé deux ans, deux siècles, et toute l’éternité sans m’y ennuyer un moment.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Mes idées ne sont presque plus que des sensations, et la sphère de mon entendement ne passe pas les objets dont je suis immédiatement entouré.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Autrefois, car il me semble qu’il y a plutôt des années que des semaines, j’étais un homme comme un autre homme. Chaque jour, chaque heure, chaque minute avait son idée. Mon esprit, jeune et riche, était plein de fantaisies. Il s’amusait à me les dérouler les unes après les autres, sans ordre et sans fin, brodant d’inépuisables arabesques cette rude et mince étoffe de la vie. C’étaient des jeunes filles, de splendides chapes d’évêque, des batailles gagnées, des théâtres pleins de bruit et de lumière, et puis encore des jeunes filles et de sombres promenades la nuit sous les larges bras des marronniers. C’était toujours fête dans mon imagination. Je pouvais penser à ce que je voulais, j’étais libre.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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En devenant plus malheureux je suis devenu plus timide et jamais je n’ai menti que par timidité.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Je n’ai ni dépense à faire ni peine à prendre pour errer nonchalamment d’herbe en herbe, de plante en plante, pour les examiner, pour comparer leurs divers caractères, pour marquer leurs rapports et leurs différences, enfin pour observer l’organisation végétale de manière à suivre la marche et le jeu de ces machines vivantes, à chercher quelquefois avec succès leurs lois générales, la raison et la fin de leurs structures diverses, et à me livrer au charme de l’admiration reconnaissante pour la main qui me fait jouir de tout cela.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Je n’ai appris à mieux connaître les hommes que pour mieux sentir la misère où ils m’ont plongé, sans que cette connaissance, en me découvrant tous leurs pièges, m’en ait pu faire éviter aucun.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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Chacun a son opinion politique. Je vous estime trop pour croire que vous n'avez pas la vôtre.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Quant au premier des points, celui qui tient le reste en sa dépendance, l'équilibre des forces, c'est au contraire celui qui n'est même pas considéré.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Le traité enlève tout à l'Allemagne, sauf le principal, sauf la puissance politique, génératrice de toutes les autres. Il croit supprimer les moyens de nuire que l'Allemagne possédait en 1914. Il lui accord le premier de ces moyens, celui qui doit lui permettre de reconstituer les autres, l'État, un État central, qui dispose des ressources et des forces de 60 millions d'êtres humains et qui sera au service de leurs passions.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Quelques fois, comme Ève naquit d'une côte d'Adam, une femme naissait pendant mon sommeil d'une fausse position de ma cuisse. Formée du plaisir que j'étais sur le point de goûter, je m'imaginais que c'était elle qui me l'offrait. Mon corps qui sentait dans le sien ma propre chaleur voulait s'y rejoindre, je m'éveillais. Le reste des humains m'apparaissait comme bien lointain auprès de cette femme que j'avais quittée, il y avait quelques moments à peine ; ma joue était chaude encore de son baiser, mon corps courbaturé par le poids de sa taille. Si, comme il arrivait quelquefois, elle avait les traits d'une femme que j'avais connue dans la vie, j'allais me donner tout entier à ce but : la retrouver, comme ceux qui partent en voyage pour voir de leurs yeux une cité désirée et s'imaginent qu'on peut goûter dans une réalité le charme du songe. Peu à peu son souvenir s'évanouissait, j'avais oublié la fille de mon rêve.
Marcel Proust : Du côté de chez Swann (1913)

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Dans tous les raffinements de leur haine mes persécuteurs en ont omis un que leur animosité leur a fait oublier ; c’était d’en graduer si bien les effets qu’ils pussent entretenir et renouveler mes douleurs sans cesse en me portant toujours quelque nouvelle atteinte.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
La jeunesse est le temps d’étudier la sagesse ; la vieillesse est le temps de la pratiquer. L’expérience instruit toujours, je l’avoue ; mais elle ne profite que pour l’espace qu’on a devant soi. Est-il temps au moment qu’il faut mourir d’apprendre comment on aurait dû vivre ?
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

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À peine arrivé, des mains de fer s'emparèrent de moi.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Eh bien ! il me semble que je suis encore dans la tour du bourdon. C’est tout ensemble un étourdissement et un éblouissement. Il y a comme un bruit de cloche qui ébranle les cavités de mon cerveau, et autour de moi je n’aperçois plus cette vie plane et tranquille que j’ai quittée, et où les autres hommes cheminent encore, que de loin et à travers les crevasses d’un abîme.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Quoi que je fasse, elle est toujours là, cette pensée infernale, comme un spectre de plomb à mes côtés, seule et jalouse, chassant toute distraction, face à face avec moi misérable, et me secouant de ses deux mains de glace quand je veux détourner la tête ou fermer les yeux. Elle se glisse sous toutes les formes où mon esprit voudrait la fuir, se mêle comme un refrain horrible à toutes les paroles qu’on m’adresse, se colle avec moi aux grilles hideuses de mon cachot ; m’obsède éveillé, épie mon sommeil convulsif, et reparaît dans mes rêves sous la forme d’un couteau.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Ainsi j’y suis. Le trajet exécrable est fait. La place est là, et au-dessous de la fenêtre l’horrible peuple qui aboie, et m’attend, et rit.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Note de l’éditeur. — On n’a pu encore retrouver les feuillets qui se rattachaient à celui-ci. Peut-être, comme ceux qui suivent semblent l’indiquer, le condamné n’a-t-il pas eu le temps de les écrire. Il était tard quand cette pensée lui est venue.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
La prison est une espèce d’être horrible, complet, indivisible, moitié maison, moitié homme. Je suis sa proie ; elle me couve, elle m’enlace de tous ses replis. Elle m’enferme dans ses murailles de granit, me cadenasse sous ses serrures de fer, et me surveille avec ses yeux de geôlier.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Un moyen de fuir, mon Dieu ! un moyen quelconque ! Il faut que je m'évade ! il le faut ! sur-le-champ ! par les portes, par les fenêtres, par la charpente du toit ! quand même je devrais laisser de ma chair après les poutres !
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Il y a eu un moment, pendant les mois qui ont suivi l'armistice, où le désordre a été tel, que les hommes ont pu croire que l'Europe entière allait sombrer. De partout montaient la famine et la révolution.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
L’Hôtel de Ville est un édifice sinistre.
Avec son toit aigu et roide, son clocheton bizarre, son grand cadran blanc, ses étages à petites colonnes, ses mille croisées, ses escaliers usés par les pas, ses deux arches à droite et à gauche, il est là, de plain-pied avec la Grève ; sombre, lugubre, la face toute rongée de vieillesse, et si noir qu’il est noir au soleil.
Les jours d’exécution, il vomit des gendarmes de toutes ses portes, et regarde le condamné avec toutes ses fenêtres.

Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
Vivifiée par la nature et revêtue de sa robe de noces au milieu du cours des eaux et du chant des oiseaux, la terre offre à l’homme dans l’harmonie des trois règnes un spectacle plein de vie, d’intérêt et de charme, le seul spectacle au monde dont ses yeux et son cœur ne se lassent jamais.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Le recueil de mes longs rêves est à peine commencé, et déjà je sens qu’il touche à sa fin.
Jean-Jacques Rousseau : Les Rêveries du promeneur solitaire (1782)

soon
Comme le jour du départ de la chaîne, il tombait une pluie de la saison, une pluie fine et glacée qui tombe encore à l'heure où j'écris, qui tombera sans doute toute la journée, qui durera plus que moi.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

soon
La politique consiste essentiellement à prévoir. Le traité du 28 juin est remarquable par son imprévoyance.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Quelle que soit l'immensité des événements (et il ne peut y en avoir qui dépassent ceux de la guerre universelle), il existe toujours un lien entre la situation qui suit un bouleversement politique et celle qui l'a précédé.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Ah ! qu'une prison est quelque chose d'infâme ! Il y a un venin qui y salit tout. Tout s'y flétrit, même la chanson d'une fille de quinze ans ! Vous y trouvez un oiseau, il a de la boue sur son aile ; vous y cueillez une jolie fleur, vous la respirez ; elle pue.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)

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Pologne, Tchéco-Slovaquie, Autriche supposaient, pour durer, qu'il n'y aurait pas à côté d'elles une grande Allemagne. L'existence et la sécurité de ces petits États supposaient d'autres petits États. Aucune considération de ce genre ne se trouve dans le traité de Versailles. Il n'apparaît même pas qu'à aucun moment les auteurs de la paix aient songé à ces questions d'équilibre. Le traité de Versailles n'est pas un traité politique.
Jacques Bainville : Les Conséquences politiques de la paix (1920)

soon
Je viens de voir, crayonnée en blanc au coin du mur, une image épouvantable, la figure de cet échafaud qui, à l'heure qu'il est, se dresse peut-être pour moi.
Victor Hugo : Le Dernier Jour d'un Condamné (1829)




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