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Traité de métaphysique cover Éditions Batoilles

Traité de métaphysique

De Voltaire

1734
Le Philosophe ignorant

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 DATE DE PUBLICATION ORIGINALE

1er janvier 1734

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100

 DERNIÈRE MISE À JOUR

2025-06-02 18:36:59

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 TYPE

Essai

 RÉSUMÉ



 HISTOIRE

Aucune histoire.

 ANECDOTES

Aucune anecdote.

 PERSONNAGES

Aucun personnage.

 PHOTOS

Aucune photo.

 CITATIONS

Les citations suivent scrupuleusement l'ordre chronologique de l'ouvrage.

L’auteur de la métaphysique
Que l’on apporte à vos genoux
Mérita d’être cuit dans la place publique,
Mais il ne brûla que pour vous.

Peu de gens s’avisent d’avoir une notion bien entendue de ce que c’est que l’homme.

Une jeune Parisienne qui entre dans le monde n’y voit que ce qui peut servir à sa vanité ; et l’idée confuse qu’elle a du bonheur, et le fracas de tout ce qui l’entoure, empêchent son âme d’entendre la voix de tout le reste de la nature.

Je voudrais, dans la recherche de l’homme, me conduire comme j’ai fait dans l’étude de l’astronomie : ma pensée se transporte quelquefois hors du globe de la terre, de dessus laquelle tous les mouvements célestes paraissent irréguliers et confus.

Je suppose, par exemple, que, né avec la faculté de penser et de sentir que j’ai présentement, et n’ayant point la forme humaine, je descends du globe de Mars ou de Jupiter. Je peux porter une vue rapide sur tous les siècles, tous les pays, et par conséquent sur toutes les sottises de ce petit globe.

Descendu sur ce petit amas de boue, et n’ayant pas plus de notion de l’homme que l’homme n’en a des habitants de Mars ou de Jupiter, je débarque vers les côtes de l’Océan, dans le pays de la Cafrerie, et d’abord je me mets à chercher un homme.

Dépouillons-nous ici plus que jamais de toute passion et de tout préjugé, et voyons de bonne foi ce que notre raison peut nous apprendre sur cette question : Y a-t-il un Dieu, n’y en a-t-il pas ?

Je remarque d’abord qu’il y a des peuples qui n’ont aucune connaissance d’un Dieu créateur : ces peuples, à la vérité, sont barbares, et en très petit nombre ; mais enfin ce sont des hommes ; et si la connaissance d’un Dieu était nécessaire à la nature humaine, les sauvages hottentots auraient une idée aussi sublime que nous d’un Être suprême.

Est-il possible que la connaissance d’un Dieu, notre créateur, notre conservateur, notre tout, soit moins nécessaire à l’homme qu’un nez et cinq doigts ? Tous les hommes naissent avec un nez et cinq doigts, et aucun ne naît avec la connaissance de Dieu : que cela soit déplorable ou non, telle est certainement la condition humaine.

Quand je vois une montre dont l’aiguille marque les heures, je conclus qu’un être intelligent a arrangé les ressorts de cette machine, afin que l’aiguille marquât les heures. Ainsi, quand je vois les ressorts du corps humain, je conclus qu’un être intelligent a arrangé ces organes pour être reçus et nourris neuf mois dans la matrice ; que les yeux sont donnés pour voir, les mains pour prendre, etc.

Je vois seulement qu’il y a quelque chose de plus puissant que moi, et rien de plus.

J’existe, donc quelque chose existe. Si quelque chose existe, quelque chose a donc existé de toute éternité : car ce qui est, ou est par lui-même, ou a reçu son être d’un autre. S’il est par lui-même, il est nécessairement, il a toujours été nécessairement, et c’est Dieu ; s’il a reçu son être d’un autre, et ce second d’un troisième, celui dont ce dernier a reçu son être doit nécessairement être Dieu.

Je suis donc réduit à avouer qu’il y a un être qui existe nécessairement par lui-même de toute éternité, et qui est l’origine de tous les autres êtres.

Si Dieu n’est pas ce monde matériel, il l’a créé (ou bien, si vous voulez, il a donné à quelque autre être le pouvoir de le créer, ce qui revient au même).

S’il paraît à la plupart des hommes qu’un être intelligent a imprimé le sceau de la sagesse sur toute la nature, et que chaque chose semble être faite pour une certaine fin, il est encore plus vrai aux yeux des philosophes que tout se fait dans la nature par les lois éternelles, indépendantes et immuables des mathématiques ; la construction et la durée du corps humain sont une suite de l’équilibre des liqueurs et de la force des leviers.

Plus on fait de découvertes dans la structure de l’univers, plus on le trouve arrangé, depuis les étoiles jusqu’au ciron, selon les lois mathématiques.

Si l’arrangement des parties de ce monde, et tout ce qui se passe parmi les êtres qui ont la vie sentante et pensante, prouvait un Créateur et un maître, il prouverait encore mieux un être barbare : car, si l’on admet des causes finales, on sera obligé de dire que Dieu, infiniment sage et infiniment bon, a donné la vie à toutes les créatures pour être dévorées les unes par les autres.

À l’égard des misères de l’homme, il y a de quoi faire des reproches à la Divinité pendant toute notre vie.

Les arguments contre la création se réduisent à montrer qu’il nous est impossible de la concevoir, c’est-à-dire d’en concevoir la manière, mais non pas qu’elle soit impossible en soi : car, pour que la création fût impossible, il faudrait d’abord prouver qu’il est impossible qu’il y ait un Dieu ; mais, bien loin de prouver cette impossibilité, on est obligé de reconnaître qu’il est impossible qu’il n’existe pas.

Je ne connais pas le quomodo, il est vrai : j’aime mieux m’arrêter que de m’égarer ; son existence m’est démontrée, mais pour ses attributs et son essence, il m’est, je crois, démontré que je ne suis pas fait pour les comprendre.

Il n’était pas nécessaire que la terre fût placée où elle est ; aucune loi mathématique ne peut agir par elle-même ; aucune n’agit sans mouvement, le mouvement n’existe point par lui-même : donc il faut recourir à un premier moteur.

Ou bien il faudra avancer qu’il y a une âme du monde qui se répand dans les corps organisés, et alors il faudra que cette âme soit autre chose que le monde.

Il est donc indubitable que nos premières idées sont nos sensations. Petit à petit nous recevons des idées composées de ce qui frappe nos organes, notre mémoire retient ces perceptions ; nous les rangeons ensuite sous des idées générales, et de cette seule faculté que nous avons de composer et d’arranger ainsi nos idées résultent toutes les vastes connaissances de l’homme.

Les égarements de tous ceux qui ont voulu approfondir ce qui est impénétrable pour nous doivent nous apprendre à ne vouloir pas franchir les limites de notre nature. La vraie philosophie est de savoir s’arrêter où il faut, et de ne jamais marcher qu’avec un guide sûr.

Il reste assez de terrain à parcourir sans voyager dans les espaces imaginaires. Contentons-nous donc de savoir, par l’expérience appuyée du raisonnement, seule source de nos connaissances, que nos sens sont les portes par lesquelles toutes les idées entrent dans notre entendement ; et ressouvenons-nous bien qu’il nous est absolument impossible de connaître le secret de cette mécanique, parce que nous n’avons point d’instruments proportionnés à ses ressorts.

Nous savons que, pendant le sommeil, nous voyons et nous sentons des choses qui n’existent pas : peut-être notre vie est-elle un songe continuel, et la mort sera le moment de notre réveil, ou la fin d’un songe auquel nul réveil ne succédera.

Quoi qu’il en soit, comme mon principal but est ici d’examiner l’homme sociable, et que je ne puis être sociable s’il n’y a une société, et par conséquent des objets hors de nous, les pyrrhoniens me permettront de commencer par croire fermement qu’il y a des corps, sans quoi il faudrait que je refusasse l’existence à ces messieurs.

Nous sommes certains que nous sommes matière, que nous sentons et que nous pensons ; nous sommes persuadés de l’existence d’un Dieu duquel nous sommes l’ouvrage, par des raisons contre lesquelles notre esprit ne peut se révolter. Nous nous sommes prouvé à nous-mêmes que ce Dieu a créé ce qui existe. Nous nous sommes convaincus qu’il nous est impossible et qu’il doit nous être impossible de savoir comment il nous a donné l’être ; mais pouvons-nous savoir ce qui pense en nous ? quelle est cette faculté que Dieu nous a donnée ? est-ce la matière qui sent et qui pense, est-ce une substance immatérielle ? en un mot qu’est-ce qu’une âme ? C’est ici où il est nécessaire plus que jamais de me remettre dans l’état d’un être pensant descendu d’un autre globe, n’ayant aucun des préjugés de celui-ci, et possédant la même capacité que moi, n’étant point ce qu’on appelle homme, et jugeant de l’homme d’une manière désintéressée.

Ainsi, avec un peu d’attention, j’entends le langage de tous les animaux ; ils n’ont aucun sentiment qu’ils n’expriment : peut-être n’en est-il pas de même de leurs idées ; mais comme il paraît que la nature ne leur a donné que peu d’idées, il me semble aussi qu’il était naturel qu’ils eussent un langage borné, proportionné à leurs perceptions.

Enfin je vois des hommes qui me paraissent supérieurs à ces nègres, comme ces nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres et aux autres animaux de cette espèce.

Si la pensée est un composé de la matière, elle doit être nécessairement cela même dont elle est composée ; elle doit être divisible, capable de mouvement, etc. ; or la pensée ne peut point se diviser, donc elle n’est point un composé de la matière ; elle n’a point de parties, elle est simple, elle est immortelle, elle est l’ouvrage et l’image d’un Dieu.

N’ayant donc pour me conduire dans ces recherches que mes propres lumières, l’envie de connaître quelque chose, et la sincérité de mon cœur, je cherche avec sincérité ce que ma raison me peut découvrir par elle-même ; j’essaye ses forces, non pour la croire capable de porter tous ces poids immenses, mais pour la fortifier par cet exercice, et pour m’apprendre jusqu’où va son pouvoir. Ainsi, toujours prêt à céder dès que la révélation me présentera ses barrières, je continue mes réflexions et mes conjectures uniquement comme philosophe, jusqu’à ce que ma raison ne puisse plus avancer.

Ce qui constitue la personne de Jacques, ce qui fait que Jacques est soi-même, et le même qu’il était hier à ses propres yeux, c’est qu’il se ressouvient des idées qu’il avait hier, et que dans son entendement il unit son existence d’hier à celle d’aujourd’hui ; car s’il avait entièrement perdu la mémoire, son existence passée lui serait aussi étrangère que celle d’un autre homme ; il ne serait pas plus le Jacques d’hier, la même personne, qu’il ne serait Socrate ou César.

Je n’avance pas davantage dans ces ténèbres ; je m’arrête où la lumière de mon flambeau me manque : c’est assez pour moi que je voie jusqu’où je peux aller. Je n’assure point que j’aie des démonstrations contre la spiritualité et l’immortalité de l’âme ; mais toutes les vraisemblances sont contre elles, et il est également injuste et déraisonnable de vouloir une démonstration dans une recherche qui n’est susceptible que de conjectures.

Peut-être n’y a-t-il pas de question plus simple que celle de la liberté ; mais il n’y en a point que les hommes aient plus embrouillée.

La liberté est uniquement le pouvoir d’agir. Si une pierre se mouvait par son choix, elle serait libre ; les animaux et les hommes ont ce pouvoir : donc ils sont libres.

On souhaite de mener une vie tranquille, et l’ambition nous rejette dans le tumulte des affaires.

Si un homme était toute sa vie dominé par des passions violentes, ou par des images qui occupassent sans cesse son cerveau, il lui manquerait cette partie de l’humanité qui consiste à pouvoir penser quelquefois ce qu’on veut ; et c’est le cas où sont plusieurs fous qu’on renferme, et même bien d’autres qu’on n’enferme pas.

Il est bien certain qu’il y a des hommes plus libres les uns que les autres, par la même raison que nous ne sommes pas tous également éclairés, également robustes, etc.

La liberté est la santé de l’âme ; peu de gens ont cette santé entière et inaltérable.

Au milieu d’un bal ou d’une conversation vive, ou dans les douleurs d’une maladie qui appesantira ma tête, j’aurai beau vouloir chercher combien fait la trente-cinquième partie de quatre-vingt-quinze tiers et demi multipliés par vingt-cinq dix-neuvièmes et trois quarts, je n’aurai pas la liberté de faire une combinaison pareille.

Nous savons démonstrativement que si Dieu existe, Dieu est libre ; nous savons en même temps qu’il sait tout ; mais cette prescience et cette omniscience sont aussi incompréhensibles pour nous que son immensité, sa durée infinie déjà passée, sa durée infinie à venir, la création, la conservation de l’univers, et tant d’autres choses que nous ne pouvons ni nier ni connaître.

Le grand dessein de l’Auteur de la nature semble être de conserver chaque individu un certain temps, et de perpétuer son espèce. Tout animal est toujours entraîné par un instinct invincible à tout ce qui peut tendre à sa conservation ; et il y a des moments où il est emporté par un instinct presque aussi fort à l’accouplement et à la propagation, sans que nous puissions jamais dire comment tout cela se fait.

Les animaux les plus sauvages et les plus solitaires sortent de leurs tanières quand l’amour les appelle, et se sentent liés pour quelques mois par des chaînes invisibles à des femelles et à des petits qui en naissent ; après quoi ils oublient cette famille passagère, et retournent à la férocité de leur solitude, jusqu’à ce que l’aiguillon de l’amour les force de nouveau à en sortir.

On distingua donc de bonne heure les hommes en deux classes : la première, des hommes divins qui sacrifient leur amour-propre au bien public ; la seconde, des misérables qui n’aiment qu’eux-mêmes : tout le monde voulut et veut être encore de la première classe, quoique tout le monde soit dans le fond du cœur de la seconde ; et les hommes les plus lâches et les plus abandonnés à leurs propres désirs crièrent plus haut que les autres qu’il fallait tout immoler au bien public.

L’envie de commander, qui est une des branches de l’orgueil, et qui se remarque aussi visiblement dans un pédant de collège et dans un bailli de village que dans un pape et dans un empereur, excita encore puissamment l’industrie humaine pour amener les hommes à obéir à d’autres hommes : il fallut leur faire connaître clairement qu’on en savait plus qu’eux, et qu’on leur serait utile.

Cette machine n’eût pas encore été loin sans le secours de l’envie, passion très-naturelle que les hommes déguisent toujours sous le nom d’émulation. Cette envie réveilla la paresse et aiguisa le génie de quiconque vit son voisin puissant et heureux. ainsi, de proche en proche, les passions seules réunirent les hommes, et tirèrent du sein de la terre tous les arts et tous les plaisirs. C’est avec ce ressort que Dieu, appelé par Platon l’éternel géomètre, et que j’appelle ici l’éternel machiniste, a animé et embelli la nature : les passions sont les roues qui font aller toutes les machines.

Dieu a daigné mettre sur la terre mille nourritures délicieuses pour l’homme : la gourmandise de ceux qui ont tourné cette nourriture en poison mortel pour eux ne peut servir de reproche contre la Providence.

Pour qu’une société subsistât, il fallait des lois, comme il faut des règles à chaque jeu. La plupart de ces lois semblent arbitraires : elles dépendent des intérêts, des passions, et des opinions de ceux qui les ont inventées, et de la nature du climat où les hommes se sont assemblés en société.

Dans un pays chaud, où le vin rendrait furieux, on a jugé à propos de faire un crime d’en boire ; en d’autres climats plus froids, il y a de l’honneur à s’enivrer.

La plupart des lois se contrarient si visiblement qu’il importe assez peu par quelles lois un État se gouverne ; mais, ce qui importe beaucoup, c’est que les lois une fois établies soient exécutées, Ainsi, il n’est d’aucune conséquence qu’il y ait telles ou telles règles pour les jeux de dés et de cartes ; mais on ne pourra jouer un seul moment si l’on ne suit pas à la rigueur ces règles arbitraires dont on sera convenu.

Ainsi un homme est toujours porté à assister un autre homme quand il ne lui en coûte rien. Le sauvage le plus barbare, revenant du carnage et dégouttant du sang des ennemis qu’il a mangés, s’attendrira à la vue des souffrances de son camarade, et lui donnera tous les secours qui dépendront de lui.

L’adultère et l’amour des garçons seront permis chez beaucoup de nations ; mais vous n’en trouverez aucune dans laquelle il soit permis de manquer à sa parole, parce que la société peut bien subsister entre des adultères et des garçons qui s’aiment, mais non entre des gens qui se feraient gloire de se tromper les uns les autres.

Nous avons de l’horreur pour un père qui couche avec sa fille, et nous flétrissons aussi du nom d’incestueux le frère qui abuse de sa sœur ; mais, dans une colonie naissante où il ne restera qu’un père avec un fils et deux filles, nous regarderons comme une très-bonne action le soin que prendra cette famille de ne pas laisser périr l’espèce.

Un frère qui tue son frère est un monstre ; mais un frère qui n’aurait eu d’autres moyens de sauver sa patrie que de sacrifier son frère serait un homme divin.

C’est un malheur attaché à l’humanité que, malgré toute l’envie que nous avons de nous conserver, nous nous détruisons mutuellement avec fureur et avec folie.

Dieu a mis les hommes et les animaux sur la terre : c’est à eux de s’y conduire de leur mieux.

Plût au ciel qu’en effet un Être suprême nous eût donné des lois, et nous eût proposé des peines et des récompenses ! qu’il nous eût dit : Ceci est vice en soi, ceci est vertu en soi. Mais nous sommes si loin d’avoir des règles du bien et du mal que, de tous ceux qui ont osé donner des lois aux hommes de la part de Dieu, il n’y en a pas un qui ait donné la dix millième partie des règles dont nous avons besoin dans la conduite de la vie.

Mais si cet homme n’est qu’un simple particulier, pour peu qu’il ait de raison il verra qu’il a choisi un très-mauvais parti, et qu’il sera puni infailliblement, soit par les châtiments si sagement inventés par les hommes contre les ennemis de la société, soit par la seule crainte du châtiment, laquelle est un supplice assez cruel par elle-même. Il verra que la vie de ceux qui bravent les lois est d’ordinaire la plus misérable.

Une saine éducation perpétue ces sentiments chez tous les hommes, et de là est venu ce sentiment universel qu’on appelle honneur, dont les plus corrompus ne peuvent se défaire, et qui est le pivot de la société.

Ceux qui auraient besoin du secours de la religion pour être honnêtes gens seraient bien à plaindre ; et il faudrait que ce fussent des monstres de la société s’ils ne trouvaient pas en eux-mêmes les sentiments nécessaires à cette société, et s’ils étaient obligés d’emprunter d’ailleurs ce qui doit se trouver dans notre nature.



 ANALYSES

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Fondamentaux métaphysiques

Written by Bardamu on 2025-06-08
★ ★ ★

UNE VUE SPACIALE DE LA TERRE
Dans « Traité de métaphysique », Voltaire établi des fondamentaux métaphysique en utilisant comme méthode une vue de notre monde vu par un être venu d'une autre planète : « Je voudrais, dans la recherche de l'homme, me conduire comme j'ai fait dans l'étude de l'astronomie : ma pensée se transporte quelques fois hors du globe de la terre, de dessus laquelle tous les mouvements célestes paraissent irréguliers et confus. »
Non astreint par les pré-requis supposés de sa condition, son pays, son siècle, voire même sa forme humaine, Voltaire tente une mise en abîme la plus objective et neutre possible : « Je suppose, par exemple, que, né avec la faculté de penser et de sentir que j'ai présentement, et n'ayant point la forme humaine, je descends du globe de Mars ou de Jupiter. Je peux porter une vue rapide sur tous les siècles, tous les pays, et par conséquent sur toutes les sottises de ce petit globe. »

L'HOMME ET LES ANIMAUX
Arrivé sur terre, qu'il appelle « ce petit amas de boue », Voltaire part à la recherche d'un homme et le compare aux animaux.
Immédiatement, on ne peut qu'applaudir la méthode de vue de Voltaire, donnant des degrés entre les animaux et les hommes.

À LA RECHERCHE DE DIEU
Le découvreur de Voltaire pourrait penser que le philosophe des Lumières renierait Dieu. Il n'en est rien, bien au contraire. À travers son exercice de pensée métaphysique fondamentale, Voltaire est bel et bien obligé de se faire une raison, dans un siècle si voué à celle-ci, la majuscule en plus.
« Quand je vois une montre dont l’aiguille marque les heures, je conclus qu’un être intelligent a arrangé les ressorts de cette machine, afin que l’aiguille marquât les heures. Ainsi, quand je vois les ressorts du corps humain, je conclus qu’un être intelligent a arrangé ces organes pour être reçus et nourris neuf mois dans la matrice ; que les yeux sont donnés pour voir, les mains pour prendre, etc. »
« Je vois seulement qu’il y a quelque chose de plus puissant que moi, et rien de plus. »
« J’existe, donc quelque chose existe. Si quelque chose existe, quelque chose a donc existé de toute éternité : car ce qui est, ou est par lui-même, ou a reçu son être d’un autre. S’il est par lui-même, il est nécessairement, il a toujours été nécessairement, et c’est Dieu ; s’il a reçu son être d’un autre, et ce second d’un troisième, celui dont ce dernier a reçu son être doit nécessairement être Dieu. »
« Je suis donc réduit à avouer qu’il y a un être qui existe nécessairement par lui-même de toute éternité, et qui est l’origine de tous les autres êtres. »

(PETIT) TRAITÉ
L'attrait de ce petit traité est que les raisonnements sont aussi clairs que les énoncés, ce qui permet à Voltaire d'éviter l'écueil des philosophes, à savoir de réfléchir tant qu'ils peuvent aisément expliquer qu'un éléphant est plus léger qu'un bébé. Ne suffit-il pas de voir une fleur pour avoir la confirmation de l'existence de Dieu ? Voltaire voit la complexité et la beauté du corps humain et, comme une horloge a eu un créateur, ne peut pas arriver à une autre conclusion.
C'est ainsi qu'il traverse les sujets de ce traité. Et même si la plupart sont des évidences, il n'en reste pas moins que ce petit ouvrage est une lecture très utile dans l'esprit critique de Voltaire.
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 HISTORIQUE

2025-06-08 17:00:56 - Bardamu : Citation mise à jour.
2025-06-08 16:47:55 - Bardamu : Nouvelle citation.
2025-06-08 16:47:49 - Bardamu : Nouvelle citation.
2025-06-08 16:47:37 - Bardamu : Nouvelle citation.
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2025-06-08 16:45:58 - Bardamu : Nouvelle citation.
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2025-06-08 16:45:18 - Bardamu : Nouvelle citation.
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2025-06-08 16:44:15 - Bardamu : Nouvelle citation.
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2025-06-07 01:50:56 - Bardamu : Nouvelle citation.
2025-06-07 01:50:39 - Bardamu : Nouvelle citation.
2025-06-06 22:11:55 - Bardamu : Nouvelle citation.
2025-06-02 18:36:59 - Bardamu : Ajouté les liens Amazon (broché).
2025-05-28 20:36:15 - Bardamu : Ajouté la couverture.
2025-05-28 20:33:23 - Bardamu : Nouveau livre ajouté.


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